[Interview] Smart grids au Danemark : quelles leçons pour la France ?

Déjà une référence mondiale en termes d’énergies renouvelables, le Danemark souhaite maintenant devenir le leader du « smart ». En parallèle, le pays s’est fixé un objectif zéro-pétrole d’ici 2050. Nous vous avons déjà présenté ce projet ambitieux dans un précédent article. Quelles leçons pouvons-nous tirer de l’initiative danoise ? Est-il possible de la transposer à d’autres pays ? Maria Stubberup nous dévoile les facteurs de succès d’un plan de déploiement « smart ». Chef de projet régional à Invest in Denmark, cette spécialiste des technologies vertes est notamment chargée de promouvoir les investissements étrangers dans le domaine de smart grids. 

Pouvez-vous nous décrire en quelques mots votre rôle et celui de votre agence ?

Invest in Denmark est une agence gouvernementale dont le but est d’encourager les entreprises étrangères à s’implanter au Danemark. Les atouts du Danemark sont les télécommunications, les technologies vertes et la technologie maritime. Je suis chargée de promouvoir les investissements dans le domaine des NTIC et de l’écologie.

Le Danemark a récemment mis en œuvre un projet ambitieux de généralisation des smart grids. Où en est-il aujourd’hui ?

Le Danemark s’est fixé comme objectif de ne plus consommer de pétrole d’ici 2050. Nous avons également décidé de produire 50% de notre électricité grâce à des sources d’énergie renouvelables d’ici 2020. C’est un objectif ambitieux, mais nous sommes déjà à 30%.

Il a fallu choisir entre renforcer le réseau ou utiliser ce que nous avions de manière plus efficace. C’est cette dernière stratégie que nous avons finalement choisie.

Au Danemark, les éoliennes sont notre source principale d’énergie renouvelable. Nous avons conçu des systèmes informatiques très puissants afin de gérer ce réseau. Par exemple, nous pouvons choisir de diminuer automatiquement la production d’électricité dans les centrales à charbon lorsqu’il y a beaucoup de vent.

Le Danemark souhaite servir de modèle au reste du monde. Quels sont les facteurs de succès d’un tel projet ?

Il y a beaucoup de projets de smart grid en Europe, mais c’est le Danemark qui en a le plus. L’État et l’union européenne financent de nombreux projets smart dans le pays. Cette aide financière est fondamentale. Au Danemark, les entreprises énergétiques acceptent volontiers que des firmes étrangères viennent « jouer » avec le réseau et y mener des expériences. Les entreprises danoises sont très ouvertes de ce point de vue.

Le fait d’être un petit pays est également un atout. Les entreprises sont prêtes à investir dans le pays parce qu’ils savent qu’ils peuvent y jouer un vrai rôle. L’État a mis en place des groupes de travail inter-entreprises afin de préparer l’avenir.

Nous avons également des liens très forts avec des pays tels que la Norvège, l’Allemagne et les Pays-Bas. S’il y a un problème avec notre réseau électrique, il est facile d’obtenir de l’aide de nos voisins. Nous sommes membres de Nordpool, une sorte de bourse à l’électricité. Cette bourse devrait s’étendre à d’autres pays bientôt.

Au-delà de ces conditions de marché, notre principal atout est la puissance R&D et notre connaissance technique. Nous avons de nombreux experts dans le domaine de l’énergie.

Les décisions politiques jouent également un grand rôle. Nous sommes conscients qu’il va falloir prendre un certain nombre de décisions sur notre mix énergétique. Contrairement à des pays tels que les États-Unis, nous n’avons pas de pannes de courant. Dans certains pays, on pratique du « branchement sauvage » pour voler de l’électricité. Nous avons la chance d’avoir un réseau stable sur lequel on peut facilement travailler. Nous avons également une forte volonté politique. Tout ceci profite énormément aux entreprises.

Le Danemark dispose de conditions particulièrement favorables à l’essor des smart grids, notamment son expérience dans les éoliennes et un environnement économique propice à la collaboration. Mais la volonté politique joue également un rôle fondamental. C’est une nouvelle particulièrement encourageante à l’heure où la France essaie de généraliser les technologies « smart ».  

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