[Interview] GreenChannel accompagne la transition énergétique

Mathieu Dancre, fondateur et président de GreenChannel a accepté de répondre aux questions Energystream pour nous faire partager sa vision du secteur de l’énergie et plus particulièrement sa solution de financement participatif. GreenChannel participera au prochain Energycamp organisé par Solucom le 4 avril prochain.

ENERGYSTREAM : Bonjour, pourriez-vous présenter GreenChannel ?GC_ProfilePicture_MathieuDancre

Mathieu Dancre : GreenChannel est une plateforme digitale d’investissement participatif dédiée aux projets de la transition énergétique. GreenChannel permet aux citoyens de devenir acteur et bénéficiaire de projets d’énergies renouvelables (solaire, éolien, hydraulique, biogaz ou la biomasse) ainsi que des solutions d’efficacité énergétique (éco-quartiers ou éco-rénovation). Chaque citoyen peut investir dans les projets de son choix et participer en toute transparence et en toute confiance au développement des énergies vertes en France.

ES : Nous souhaiterions connaître votre point de vue sur le financement participatif, thème du prochain Energycamp Solucom, grâce à quelques questions :

Quelle est la place du crowdfunding dans l’économie ? Quel est son impact sur l’investissement ?

MD : Le terme de « crowdfunding » est souvent galvaudé. Il est important de bien distinguer les trois métiers du « crowdfunding » : don, prêt et investissement. Le financement participatif s’est originellement développé en France par le don avec ou sans contrepartie puis est apparu récemment le prêt et enfin l’investissement. En 2014, un nouveau cadre réglementaire a été mis en place pour réguler le prêt et l’investissement participatifs.

En 2015, dans le monde, les levées de fonds en financement participatif se sont élevées à environ 35 milliards de dollars. En France, les chiffres sont beaucoup moins importants. Selon le Baromètre de l’association Financement Participatif France, les plateformes de prêt ont levé 85,2 millions d’euros au premier trimestre 2015 alors que celles en investissement ont levé 24,3 millions d’euros. Les chiffres restent à ce jour non significatifs au regard des besoins de financement de notre économie mais les perspectives sont quant à elles réjouissantes. Le magazine américain Forbes se risque même jusqu’à prédire un marché du crowdfunding atteignant les 1 000 milliards de dollars.

ES : Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer ?

logoGCMD : C’est le concours de nombreux facteurs personnels qui m’ont amené à me lancer, au premier rang desquels la conviction profonde que la lutte contre le réchauffement climatique passe aussi par une action individuelle et locale, et non uniquement par une action collective et globale, certes utile, mais parfois longue à se mettre en place, ou dans d’autres cas difficile à rendre efficace et opérante. Mentionnons également deux autres facteurs d’importance, à savoir la réponse à un besoin ressenti et exprimé par mon entourage parisien sur son impuissance face au réchauffement climatique, ainsi que le besoin de faire de la pédagogie sur la transition énergétique. Cette pédagogie est fondamentale. Elle doit permettre de faciliter l’adhésion aux projets et d’en fluidifier leur réalisation. L’accès à l’investissement est clairement aussi un moyen de s’investir pour un particulier.

Par ailleurs, le contexte se prêtait à entreprendre dans le secteur. Le financement participatif vient d’obtenir en 2014 un cadre réglementaire avec la création des statuts d’IFP (Intermédiaire en Financement Participatif) et de CIP (Conseiller en Investissement Participatif) répondant à une attente des plateformes historiques. De plus, les épargnants français en quête de sens et de transparence suite à la crise financière peuvent trouver une solution d’investissement en direct et dans des projets concrets grâce au crowdfunding.

ES : Pourquoi le secteur de l’Energie ? Quelle est la place de l’économie collaborative dans l’énergie ?

MD : Le monde de l’énergie est en pleine mutation, à la fois plus décarboné, décentralisé et digital. Ce triptyque est quasiment constitutif de la transition énergétique, et répond à des enjeux macro-économiques tels que l’indépendance énergétique d’un pays ainsi que sa compétitivité si on prend en considération les questions d’efficacité énergétique.

L’économie collaborative dans l’énergie consiste à remettre le citoyen au cœur de ce triptyque, ne pouvant plus seulement être un consommateur. Il peut être compliqué pour lui de devenir un producteur d’énergie, et sans doute plus simple avec GreenChannel, de devenir un investisseur dans l’énergie.

ES : Que change le financement participatif d’un point de vue investissement projet ?150916_Solaire_Besse_Generique

MD : L’investissement participatif dans les projets d’énergies vertes revêt deux atouts principaux. Tout d’abord, il permet à tout citoyen de devenir acteur et bénéficiaire de la transition énergétique sur son territoire. Ensuite, d’un point de vue financier, le financement participatif vient enrichir la structuration des projets financiers en ajoutant une strate obligataire au-dessus des financements bancaires et au-dessous de l’apport en capital des actionnaires. C’est donc une solution de financement supplémentaire qui vise à faciliter la réalisation de certains projets.

Nous nous positionnons idéalement en complément de financement, dans un but aussi de partage des risques avec l’ensemble des acteurs du financement. Il est important de rappeler qu’un investissement sous forme d’obligation est moins risqué qu’un investissement en action, à la fois du fait d’être remboursé et rémunéré prioritairement par rapport aux actionnaires, et également en terme de risque de perte de capital du fait d’avoir un terme fixe de remboursement du capital.

 ES : Quelles sont vos ambitions ? (diversification des projets, expansion géographique, etc..)

MD : GreenChannel vise à présenter sur sa plateforme à la fois des projets d’énergies renouvelables tels que du solaire, de l’éolien ou de l’hydraulique mais aussi des solutions d’efficacité énergétique telles que la rénovation urbaine de bâtiments résidentiels ou industriels. Plus l’offre de projet sur la plateforme sera variée, plus les membres de la communauté GreenChannel pourront diversifier leurs investissements.

GreenChannel a également l’ambition de devenir une plateforme d’envergure européenne. Grâce au numérique, GreenChannel souhaite profiter des jeux d’échelle en s’exportant hors des frontières  nationales. Deux grands pays européens attirent actuellement notre attention : l’Allemagne et le Royaume-Uni.

ES : Le marché est-il mature pour accueillir un tel moyen de financement ? Quelles seraient les prochaines étapes pour une expansion de ce moyen de financement ?

MD : Le marché n’a sans doute pas la maturité du marché de l’assurance vie ou des opérations sur indices boursiers. En revanche, nous sommes persuadés qu’il existe une réelle appétence pour des produits financiers nouveaux, fléchés vers des projets qui ont sens pour les investisseurs et qui rapportent. L’obligation est un bon produit qui présente aussi l’avantage de ne pas perturber la gouvernance des sociétés émettrices, notamment celles qui ne souhaitent pas être diluées et qui souhaitent garder leur indépendance.

Si la transparence est dans l’ADN du crowdfunding, c’est moins le cas de la confiance. Il faut donc la créer, avec des projets de qualité, avec le temps et des produits financiers qui restent simples.

Pour GreenChannel, l’objectif est donc de construire cette relation de confiance avec sa communauté d’investisseurs, d’être à son écoute et d’être en mesure de lui proposer une vingtaine de projets à financer sur sa plateforme en 2016 en France. Nous menons en parallèle un travail de développement sur l’Allemagne, sans toutefois être en mesure aujourd’hui de communiquer sur un objectif précis.

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Retrouvez le premier article sur GreenChannel publié sur Energystream.

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