La sobriété suffirait à la transition énergétique selon Virage Énergie Nord – Pas de Calais

Depuis plusieurs années, le monde a pris conscience qu’un défi énergétique se dressait face à lui. En effet, le changement climatique qui s’opère est principalement dû à la pollution qui elle-même découle de nos modes de production et de consommation de l’énergie. Depuis cette prise de conscience, le monde s’interroge sur la transition énergétique à opérer pour que nous puissions continuer à vivre de façon pérenne sur Terre. À travers le débat sur cette transition, plusieurs scénarios énergétiques sont nés et plaident tous pour des transitions énergétiques plus ou moins différentes. Certains voient la fin des énergies fossiles et nucléaires au profit des énergies renouvelables ou encore une efficacité énergétique nous permettant de réduire considérablement notre consommation d’énergie. L’association Virage Énergie Nord – Pas de Calais, elle, a étudié à travers ses scénarios de transition énergétique comment, par un changement de comportement face à notre consommation, non seulement d’énergie mais aussi de nourriture ou de biens matériels, nous pourrions mettre en place une transition énergétique ambitieuse et pérenne.  

Qu’est-ce qu’un scénario de transition énergétique ?

Les scénarios de transition énergétique ont pour but de développer une vision d’un monde énergétique nouveau. Ainsi nous retrouvons comme acteurs principaux de ces scénarios : les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique et la sobriété énergétique. Ces trois protagonistes du monde énergétique de demain sont pris en compte différemment en fonction des scénarios. Cependant on retrouve fréquemment, voire systématiquement, des scénarios s’appuyant sur une production d’énergie propre à l’aide des énergies renouvelables et sur des économies d’énergie majeures s’appuyant sur l’efficacité et la sobriété énergétique. Les différences principales entre ces scénarios résident dans la répartition des économies d’énergie entre la sobriété énergétique et l’efficacité énergétique ainsi que dans les méthodes que ces deux vecteurs d’économie utilisent. Les différents scénarios de transition énergétique qui s’attaquent à la situation française se retrouvent généralement sur certains points notamment sur les dates de projections de ces scénarios. La plupart d’entre eux décrivent deux visions, une sur l’horizon 2010 – 2030 et une autre sur l’horizon 2030 – 2050. Ils tentent également de répondre aux engagements que la France a pris concernant la réduction par quatre des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Enfin ils décrivent généralement plusieurs approches dont certaines plus radicales que les autres. images

Qui est Virage Énergie Nord Pas de Calais et quels sont les grands principes de ses scénarios énergétiques de sobriété ?

Virage Énergie Nord Pas de Calais est une association spécialisée dans la prospective énergétique et sociétale qui a publié en 2013 ses scénarios de sobriété énergétique et transformations sociétales1. Les scénarios de cette association présentent plusieurs particularités. Mise à part la spécificité géographique de ses scénarios qui concernent uniquement l’ancienne région Nord – Pas de Calais, elle préconise, comme réponse à une future pénurie des énergies fossiles et au changement climatique, une transition énergétique s’appuyant uniquement sur la sobriété énergétique et des transformations sociétales. Ainsi plutôt que de miser sur les prouesses technologiques à venir ou sur un fort développement des modes de production d’énergie propre, Virage Énergie mise sur un changement de comportement du consommateur face à sa consommation c’est-à-dire la sobriété énergétique. A l’opposé des tendances actuelles d’ébriété énergétique, les scénarios de Virage Énergie prônent la sobriété énergétique comme levier majeur et indispensable à la transition énergétique. Pour se faire, la sobriété énergétique suppose des transformations sociétales autant sur les plans individuels, collectifs ou encore organisationnels. Virage Énergie a donc décliné cette sobriété dans quatre scénarios selon 6 axes stratégiques dégageant des perspectives d’actions :

  • De la surabondance à la suffisance matérielle : réduction du taux de possession, échanges, réduction des volumes d’emballage, etc.
  • De la centralisation à la décentralisation : circuits courts de proximité, télétravail, développement des modes de production d’énergie décentralisés, etc.
  • De la propriété au service partagé : consommation collaborative, covoiturage, habitats partagés, etc.
  • De l’omniprésence du travail salarié comme vecteur d’émancipation à l’autonomie et la valorisation des activités gratuites : réparation, autoproduction alimentaire, économie contributive, etc.
  • Du culte de la vitesse à la mobilité économe : transports en commun, limitation de vitesse, rationaliser les distances et le nombre de déplacements, etc.
  • De la vision « anthropo-centrée » marquée par l’artificialité à la transversalité nature-culture : alimentation biologique, locale et de saison, réduction du régime carné et de la part des produits transformés dans l’alimentation, développement des énergies renouvelables, etc.

La sobriété se décline donc sous plusieurs formes, chacune permettant de réduire les besoins énergétiques de chacun dans le but de réduire la consommation d’énergie et de matière que la transition énergétique nécessite.

 

Dans quels domaines s’appliquent-t-ils et quelles sont les économies dégagées ?

Les scénarios de Virage Énergie abordent plusieurs aspects de notre consommation d’énergie. Ainsi le premier scénario aborde notre consommation d’énergie du champ à l’assiette liée à notre alimentation. Le deuxième scénario aborde notre consommation d’énergie liée à notre consommation de biens matériels. Et les troisième et quatrième scénarios abordent notre consommation d’énergie directe liée aux équipements utilisés dans les bâtiments et aux déplacements. On peut voir à travers ces différents scénarios que Virage Énergie respecte et applique les grands principes de la sobriété énergétique qui sont réduire, ajuster et optimiser la demande en énergie. À travers une multitude de leviers de sobriété, Virage Énergie préconise des économies d’énergie considérables dans la région Nord – Pas de Calais plus ou moins importante selon l’approche que l’on met en œuvre pour chaque scénario. Ainsi pour son scénario « Alimentation », Virage Énergie envisage des économies de 29% à 40% soit de 8 à 11 TWh/an économisé dans le domaine alimentaire. Pour son scénario « Biens matériels », 26% à 37% d’économies d’énergie sont envisagée dans le domaine de l’industrie soit de 9 à 13 TWh/an d’économisés pour la région. Ensuite son scénario « Bâtiment » envisage des économies de l’ordre de 16% à 31% soit de 8 à 15 TWh/an. Enfin le scénario « Déplacement » qui est le plus significatif projette des économies de 42% (10TWh/an) à 64% (15 TWh/an). Au total 35 TWh/an économisés pour une sobriété dite « douce » et 54 TWh/an économisés pour une sobriété dite « radicale ». La consommation de la France en électricité en 2015 représentait 475 TWh. En appliquant la sobriété énergétique à la seule région du Nord-Pas-de-Calais, nous pourrions faire entre 7% et 11% d’économie d’énergie à l’échelle de toute la France. La sobriété est donc un levier puissant et indispensable à la transition énergétique qui se dessine. Autant d’économies d’énergies qui ne nécessitent aucune amélioration technologique mais une refonte globale de notre mode de fonctionnement. À travers ses scénarios de transitions énergétiques s’appuyant uniquement sur la sobriété énergétique, Virage Énergie nous pousse à nous interroger sur notre mode de fonctionnement et nos besoins réels en énergie face au changement climatique qui se déroule sous nos yeux. Cependant, sommes-nous capables de changer aussi radicalement de mode de vie pour parvenir à un monde énergétiquement viable ? Et quels peuvent être les nouveaux business models associés à ces changements ? *élaborés grâce au soutien de l’ADEME et du conseil régional du Nord Pas de Calais et en partenariat avec le laboratoire CERAPS de l’université Lille 2 et le laboratoire TVES de l’université LILLE 1.

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