Décryptage : comment se positionnent les favoris aux élections européennes sur la transition énergétique ?

Contrairement aux précédentes élections européennes, la priorité donnée aux questions environnementales n’est plus uniquement l’apanage des partis écologistes. Les propositions relatives à l’environnement et à la transition énergétique occupent aujourd’hui une place significative dans de nombreux programmes.

A la veille du dernier débat et à 5 jours du scrutin, que nous réserve vraiment le volet énergie des 4 principales listes en tête des sondages ?

Notre démarche n’a pas ici pour objectif de décrypter toutes les propositions et thématiques liées à la transition énergétique et à l’environnement défendues par ces quatre premières listes, mais de dégager la philosophie prônée par ces différents partis afin de comprendre les impacts potentiels sur la politique européenne et les énergéticiens, autant français qu’européens. A ces fins, ne sont listées ci-dessous que les propositions principales des listes sur les sujets étudiés, mises en exergue ou ressortant des propositions présentées. L’intégralité des propositions est à retrouver dans les programmes officiels.

Notre clé de lecture des convictions défendues sur la transition énergétique par les différents projets s’articule ainsi autour des quatre critères suivants : cleaner, smarter, closer et wider.

Ainsi,

Nous avons cherché à évaluer les propositions sur chacun de ces critères en fonction de l’ambition des objectifs fixés par rapport à ceux actuels, sans chercher à évaluer leur faisabilité. La jauge élaborée doit donc se lire comme suit :

Les listes sont présentées dans le tableau ci-après selon leur classement dans les sondages, mesurant les intentions de vote avant le scrutin. Les enquêtes publiées ont en effet placé plus souvent le projet Renaissance devant le Rassemblement National, avec toutefois un écart serré et le passage en tête du Rassemblement National à plusieurs reprises au cours du mois de mai et a fortiori dans la majorité des études réalisées la semaine passée.

 

Des propositions nombreuses et ambitieuses pour verdir la consommation d’énergie et réduire les émissions de CO2

Les propositions « cleaner » sont prédominantes dans les convictions énergétiques des 4 listes étudiées et veulent accélérer la transition énergétique européenne. La réduction des émissions de carbone et le développement des énergies renouvelables semblent faire consensus. En effet,

  • La liste Renaissance a pour proposition phare un investissement de 1 000 milliards d’euros d’ici 2024 pour développer notamment les énergies et transports propres ; poursuivant également l’ambition de sortir de tous les hydrocarbures d’ici 2050.
  • La France Insoumise veut également atteindre la neutralité carbone et 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050, en portant au minimum la part des énergies renouvelables à 45% en 2030, le tout en supprimant les subventions aux énergies fossiles.
  • Les Républicains visent le 0 carbone d’ici 2050 et veulent instaurer une « barrière écologique » avec des droits de douane anti-pollution sur les produits importés de pays qui ne respectent pas les normes environnementales ou sociales européennes.
  • Enfin, le Rassemblement National n’emploie pas précisément le terme de transition écologique mais propose de taxer les importations mondialisées pour protéger l’environnement.

 

Les investissements dans la digitalisation et l’usage de telles technologies dans l’énergie à l’échelle européenne sont peu défendus dans les projets

Les sujets smarter dans l’énergie n’occupent pas une place centrale dans les programmes électoraux des partis, la blockchain ou encore les smart cities ne sont pas mentionnées. Les orientations technologiques défendues sont souvent en lien avec l’intelligence artificielle et le rôle de l’Europe dans le développement des nouvelles technologies. Parmi les propositions sur l’innovation, peuvent être mentionnées les orientations suivantes :

  • Les Républicains veulent établir une stratégie européenne pour l’intelligence artificielle et faire de l’Europe le pôle mondial de l’innovation dans le domaine de l’intelligence artificielle et du Big Data, afin notamment de ne pas laisser cette révolution aux Etats-Unis et à la Chine.
  • La liste Renaissance souhaite déployer un plan de soutien massif à l’industrie Made In Europe 2024, notamment sur les secteurs du renouvelable ou encore de l’intelligence artificielle.
  • La France Insoumise ne mentionne pas explicitement l’innovation dans son programme, si ce n’est pour une meilleure protection des données personnelles et la défense de la neutralité du net.
  • Le Rassemblement National ne mentionne pas l’investissement dans l’innovation et la digitalisation concernant l’énergie.

 

Des propositions disparates quant au recours aux solutions plus locales pour faire face aux enjeux environnementaux

Les solutions closer apparaissent de plus en plus dans les programmes des listes, encourageant notamment les circuits-courts. Les partis mettent ainsi en avant le local comme solution pour favoriser la transition énergétique, en lien étroit avec la politique agricole. Ainsi,

  • La France Insoumise propose de mettre en place une taxe carbone aux frontières pour favoriser les productions écologiques de proximité. Elle souhaite aussi promouvoir les circuits courts et l’économie circulaire.
  • Le Rassemblement National fait du « localisme » son cheval de bataille et propose de surtaxer les importations mondialisées et de détaxer les circuits courts. Il propose aussi de remplacer le libre-échange par un « juste échange », plus local et donc moins polluant.
  • Les Républicains proposent d’adopter une politique européenne favorisant les circuits courts (pour la politique agricole notamment) et l’approvisionnement local, notamment dans les cantines.
  • Enfin, même si la liste Renaissance n’aborde pas directement les solutions locales, elle souhaite développer le biogaz.

 

Des positions contrastées sur la mise en place de réponses concertées entre les Etats sur la transition énergétique

Les problématiques environnementales et la lutte contre le réchauffement climatique sont étudiées par une majorité des listes sous l’angle d’accord internationaux. Ainsi,

  • La liste Renaissance propose de créer une « Banque du Climat » et d’orienter l’épargne des européens vers la croissance verte. Elle préconise également de rendre le budget européen compatible avec l’Accord de Paris.
  • La France Insoumise souhaite la création d’un « tribunal international de justice climatique et contre les écocides ». Par ailleurs, elle souhaite instaurer la règle verte au niveau européen, dont le but est d’interdire de prélever à l’écosystème plus que ce qu’il peut supporter.
  • Les Républicains supportent la mise en œuvre d’un Plan Européen pour le climat favorisant notamment les prêts à taux zéro de la Banque Européenne d’investissement pour une multitude d’acteurs telle que les entreprises, collectivités, etc.
  • Enfin le Rassemblement National ne souhaite pas élargir et globaliser la lutte environnementale avec de nouveaux traités ou la création de nouvelles institutions, mais limiter le libre-échange « dérégulé » anti-écologique.

 

Pour en savoir plus

 

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