Green IT: le cas Facebook

L’expansion d’Internet engendre de nombreuses problématiques pour les grandes entreprises IT, notamment sur la gestion de leurs serveurs. Bien que les technologies électroniques et informatiques parviennent à réduire la taille et augmenter les performances de ces machines, l’évolution technologique ne pallie pas la recrudescence massive des internautes. Ainsi, ces entreprises étendent leurs parcs de serveurs et rencontrent des difficultés techniques et financières, en particulier sur la gestion électrique.

Au-delà de la consommation astronomique d’électricité d’un centre de données de multinationale comme Facebook (1,1 à 1,5% de la consommation électrique mondiale pour l’ensemble des serveurs des multinationales), il faut aussi contrôler la production de chaleur (liée à la dissipation par effet Joule des circuits électroniques) pour éviter la surchauffe. Aux frontières du pôle Nord, voyons comment Facebook a réussi à intégrer le développement durable au sein de ses serveurs dans la petite ville portuaire de Luleå en Suède.

Le green IT en bref

Les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) représentent une partie non négligeable de la consommation électrique (13,5%) et des rejets de CO2 (5%) en France. De l’usinage à la distribution, l’informatique génère de multiples pollutions auxquelles il faut faire face: ainsi est né le green IT. La définition exacte – « une démarche d’amélioration continue qui vise à réduire l’empreinte écologique, économique et sociale des technologies de l’information et de la communication » – peut se résumer à l’application du développement durable aux TIC. Concrètement, c’est:

  • Atténuer l’empreinte toxique des matériaux électroniques, comme le plomb ou le cadmium,
  • Trouver des méthodes de constructions limitant l’impact sur les ressources naturelles non renouvelables,
  • Réduire la consommation électrique,
  • Améliorer les chaînes de recyclages des DEEE (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques).

Mouvance relativement jeune (créée en 1992), elle tend à se développer de plus en plus, du fait des enjeux énergétiques et environnementaux induits par l’évolution de ce secteur (par exemple, la consommation électrique des centres de données a doublé entre 2000 et 2005). Les grandes entreprises IT ont assimilé depuis quelques années ces problématiques et les intègrent progressivement à leurs stratégies: étudions le cas de Facebook.

Les serveurs givrés de Luleå

En 2011, Facebook marque le monde des serveurs de données au « fer vert ». Souhaitant étendre son parc de serveurs et étant absente de la zone européenne, l’entreprise étudie les opportunités du vieux continent. Le cahier des charges doit suivre les principaux critères du green IT. Le choix se porte alors sur la ville de Luleå, une ville portuaire au nord de la Suède de 46000 habitants. Cette localisation présente des caractéristiques optimales. Tout d’abord, il faut savoir que l’élément-clé du choix d’implantation d’un datacenter réside dans la stabilité et l’abondance de la production électrique locale. En l’occurrence, la production électrique locale est, dans sa quasi globalité, l’hydroélectricité: en plus d’être stable et en abondance, Server room interiorc’est un type de production électrique propre. Deuxièmement, le froid polaire qui règne sur la ville refroidit naturellement le complexe: Facebook a ainsi réduit de 70% ses installations de systèmes de refroidissements. Pour bien comprendre cette réduction, un serveur basique a un ratio de 3/1: 3 watts à fournir pour l’alimenter et le refroidir pour 1 watt de données informatiques, contre 1,04/1 pour les serveurs suédois.

Mais les enjeux n’ont pas seulement été environnementaux. L’économie de Luleå est très florissante: son quartier technologique, composé d’entreprises de TIC, a crû de 25% en 2012. Le régisseur du parc de serveurs, Joel Kjellgren, précise: « le climat positif pour les affaires a été une motivation importante quand nous avons décidé de nous implanter à Luleå ». Il faut dire que la Suède a amplement plébiscité le projet et y a contribué à hauteur de 11,5 millions d’euros. Ce financement n’est pas anodin: l’arrivée de Facebook amplifie sensiblement la notoriété du secteur informatique de la ville.

Un choix pour l’environnement

Le monde du datacenter est en proie à un dilemme énergétique majeur. D’un côté, nous avons les centrales à charbon américaines (en Virginie et Caroline du Nord notamment) délaissées par des industries déclinantes. Celles-ci sont attractives car elles fournissent une production électrique immédiate, en quantité et à un prix très bas. De l’autre, les enjeux environnementaux se font de plus en plus pressants, incitant les leaders IT à s’impliquer sur ces sujets, à l’instar de Facebook (vu précédemment), ou Google, qui a investi lourdement dans l’éolien; contrairement au leader de ventes en ligne Amazon, qui n’a pas encore montré clairement ses intentions d’agir en faveur du développement durable. Globalement, on peut constater que les grandes entreprises IT intègrent de plus en plus le développement durable à leurs activités et s’attirent même les grâces des ONG. Greenpeace, d’ordinaire critique envers les activités des grandes entreprises, a encouragé le choix effectué par Facebook, comme l’a souligné Martina Krüger, responsable climat et énergie Suède de l’ONG: « L’une des raisons essentielles de choisir Luleå, c’était l’accès à une énergie renouvelable. Qu’une des plus grandes entreprises technologiques mondiales fasse ce choix envoie un signal positif ».

Open Compute Project, programme innovant

La même année que la construction des serveurs à Luleå, Facebook a enclenché un projet révolutionnaire: Open Compute Project (OPC). L’idée est de réduire les coûts de fabrication et d’installation ainsi que la consommation électrique des centres de données. Pour ce faire, des logiciels en open source et la diffusion des résultats obtenus sont mis à la disposition de tous afin de favoriser la collaboration entre entreprises. Microsoft a par exemple rejoint le projet en janvier 2014. L’actualité de ce projet est liée à celle des serveurs de Luleå puisqu’une extension du bâtiment est prévue, construite selon des concepts émergents directement de l’OPC. Également propice aux innovations environnementales (spécialement en économie d’énergie), ce programme semble être le vecteur du datacenter de demain.

 

A travers ses actions, Facebook démontre une ambition durable, en accord avec les enjeux mondiaux actuels. On ne peut que « liker »!

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