Interview Electra : Offre ElectraSolar

Depuis deux ans, l’opérateur de bornes de recharge Electra s’est engagé dans une réflexion stratégique profonde pour devenir un acteur intégré de l’énergie, capable de produire, stocker et distribuer l’électricité sur ses propres sites. Cette ambition s’inscrit dans un contexte réglementaire en pleine mutation, où l’autoconsommation devient un levier à la fois économique et écologique.

Cette transformation est née de plusieurs signaux convergents. Avec en point de départ une prise de conscience venue du terrain, notamment à travers les échanges commerciaux avec les foncières. Dans le sillage de la loi APER (Accélération de la Production des Énergies Renouvelables), ces partenaires cherchent à combiner IRVE et production photovoltaïque et expriment le besoin d’un interlocuteur unique. Une opportunité pour Electra de proposer une offre intégrée, avec des baux harmonisés, ce qui pourrait devenir un critère décisif dans les futurs appels d’offres.

Aujourd’hui, Electra affiche clairement son ambition : intégrer toute la chaîne de valeur, de la production à la consommation. A moyen terme, « une étape clé est de franchir 1TWh de consommation en Europe » dit Arthur Marronnier, un seuil symbolique qui marquerait son entrée dans la cour des grands acteurs énergétiques.

Pourquoi Electra a-t-elle lancé ce projet ?

Outre les retours du terrain, le contexte réglementaire a joué un rôle clé. La baisse des tarifs d’achat de l’électricité solaire, l’augmentation des tarifs réseau, et le faible intérêt économique de l’injection sur le réseau ont renforcé l’intérêt pour l’autoconsommation. Le solaire produit souvent lorsque les prix sont les plus bas (milieu de journée), d’où l’intérêt de consommer localement et de stocker l’énergie via des batteries.

En France spécifiquement, le « bonus » TIRUERT, prévu pour 2025, offre également un avantage significatif et agit comme un catalyseur. Il valorise chaque kWh consommé localement comme 100 % renouvelable, contre seulement 25 % s’il est soutiré depuis le réseau. Ce facteur de multiplication par quatre rend les projets d’autoconsommation pour la recharge bien plus attractifs et renforce la viabilité du modèle.

Comment fonctionne le modèle opérationnel ?

Electra n’est pas installateur, mais agit comme SPOC (Single Point of Contact). Elle coordonne les prestataires de bout en bout, en s’appuyant sur des partenariats avec des développeurs photovoltaïques. Les contrats entre développeurs PV et propriétaires de parkings étant souvent complexes, Electra simplifie cette relation en proposant une offre intégrée IRVE + solaire, avec un interlocuteur unique et des contrats harmonisés. Elle envisage également d’investir directement dans les assets via des modèles de tiers investisseurs, tout en restant pour l’instant dans une logique de partenariat.

Quel est le modèle économique ?

Electra prend le risque sur le taux d’autoconsommation, ce qui lui permet d’optimiser son offre : meilleur prix d’achat, loyer combiné IRVE + PV, et maîtrise de la stratégie énergétique. Cela permet aussi d’optimiser l’usage des batteries et des bornes. En France, sans le bonus TIRUERT, la faible rentabilité du PV sur ombrière limiterait les gains directs. Ce bonus devient donc un déclencheur de rentabilité, combiné aux économies sur le TURPE. Electra vise un taux de 50 % d’autoproduction et entre 80 et 90 % d’autoconsommation sur ses sites.

Quelles sont les innovations techniques ?

Electra accélère le déploiement de stations équipées de batteries, avec plusieurs dizaines de sites en Europe et des POC en cours dans plusieurs pays. Les batteries installées ont une capacité de quelques centaines de kWh. Contrairement aux développeurs solaires classiques, Electra rentabilise ses batteries même sans production photovoltaïque, grâce à la gestion des pics de recharge, l’arbitrage énergétique et la participation à des services réseau (réserve, fréquence, etc.).

Dans cette logique, le solaire ne va jamais seul : sans batterie, il perd tout son intérêt. Mais Electra ne cherche pas à couper le cordon avec le réseau. Pas de virage off-grid pour l’instant. L’entreprise préfère rester connectée, tout en maximisant l’autonomie énergétique de ses stations.

Par ailleurs, pour piloter les batteries heure par heure, Electra développe en interne un algorithme de dispatch, basé sur la courbe de charge, le taux d’autoproduction et les opportunités d’arbitrage.

Enfin, pour garantir la résilience et la réactivité, Electra installe des boîtiers intelligents de contrôle locaux. Ces contrôleurs permettent de piloter la station localement sans dépendre du cloud, ce qui est crucial pour les services réseau nécessitant des réponses en centaines de millisecondes. Ils permettent aussi d’appliquer localement des limites de puissance.

Où en est l’offre Solar aujourd’hui ?

Electra a signé son premier site courant d’été, en partenariat avec le développeur solaire Hornet Energies et le Leclerc Le Bosc situé dans le sud de la France, près de Montpellier, pour une ouverture fin 2026. Ce site pilote, qui sera suivi rapidement d’une dizaine d’ici à la fin de l’année, marque le lancement concret de cette nouvelle stratégie, avec une ambition affichée claire : faire d’Electra un acteur incontournable de l’énergie décentralisée.

 

 

 

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