A trop manger vert, l’Allemagne serait-elle tombée malade ?

L’énergie est un facteur qui pèse lourd dans la compétitivité des pays et de leurs industries. Ces-derniers sont de plus en plus gourmands en énergie alors que les ressources se raréfient. La situation énergétique devient fragile : de nombreux pays prévoient une rupture entre consommation et production dans les années à venir. La transition énergétique est donc un réel enjeu, et les décisions la concernant font débat. Au-delà de l’économie du pays, c’est l’équilibre énergétique de la planète qui est en jeu. Les Allemands l’ont bien compris, et ont initié une transition énergétique controversée : l’Energiewiende.

Un démarrage de la transition sur les chapeaux de roue …

Le 1er Avril 2000, la Loi  EEG (Erneuerbare Energien Gesetz) entre en vigueur en Allemagne. Elle fixe le cadre d’une transition énergétique encore jamais osée en Europe :

  • une sortie totale du nucléaire d’ici 2022 (annonce du 6 juin 2011)
  • une production de 80% d’énergies renouvelables d’ici 2050
  • une réduction de 80 à 95% des gaz à effet de serre d’ici 2050
  • une baisse de la consommation d’électricité de 25% d’ici 2050 (par rapport à l’année de référence 1990)

La révolution verte commence, des millions de particuliers, exploitants agricoles ou entreprises investissent dans les énergies renouvelables : panneaux solaires et champs d’éoliennes fleurissent dans le paysage allemand. Pour encourager le mouvement, l’état met en place des subventions dont les fonds reposent essentiellement sur les ménages, qui soutiennent en grande majorité le projet. En 2013, les énergies renouvelables représentent 23% de la production nationale allemande.

… la transition énergétique victime de son succès.

Mais le développement des énergies renouvelables, fer de lance de l’energiewende, fait face à de nombreux défis. La dispersion des nombreux sites de production nécessite l’adaptation et le développement du réseau électrique national. Le coût et le financement des investissements nécessaires s’alourdissent. Le prix des factures flambent : 27 centimes d’euros le kilowattheure en 2012 contre 12 centimes d’euros en France.

L’Allemagne ralentit la cadence, et diminue les subventions accordées aux producteurs. De nombreux acteurs du solaire (Solar Millenium, Q-Cells, Solon) et de l’éolien (Prokon) mettent la clé sous la porte, pris en étau par la baisse des subventions, la surabondance du marché et la concurrence chinoise.

La production d’électricité issue des énergies renouvelables ne suffit pas pour couvrir les besoins en consommation précédemment satisfaits par le nucléaire. Un recours aux combustibles fossiles est incontournable pour assurer la transition énergétique.

L’energiewiende, fort de ses débuts, semble s’essouffler. Au-delà de l’économie Allemande, c’est aussi l’équilibre du système énergétique européen entier qui est en jeu : les yeux de tous les acteurs de l’énergie sont donc rivés sur les prochaines décisions concernant une probable refonte de la loi EEG, qui se tiendront outre-Rhin.

L’Allemagne, visionnaire ou utopiste ? Deux ans après la fermeture des premières centrales nucléaires, il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif : les résultats ne se feront voir qu’à long terme. Quoi qu’il en soit, l’Allemagne aura eu l’aplomb d’initier, en avant-première, une transition énergétique de toute façon inéluctable. 

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