Hot Grids : l’opération séduction des réseaux de chaleur intelligents

50% de l’énergie consommée en France et en Europe est utilisée pour générer de la chaleur. La chaleur est produite à 85% à partir d’énergies non renouvelables. Le chauffage représente à lui seul un tiers des émissions de gaz à effet de serre de la France. Dans un contexte de course à la diversification du mix énergétique et de lutte contre le changement climatique, comment peut-on ne pas tomber sous le charme des réseaux de chaleur ? Cette énergie locale, renouvelable, indépendante des énergies fossiles et disponible 24h sur 24 pourrait générer le chauffage de nos villes de demain.

Longtemps écartés des feuilles de route environnementales par leur manque de rentabilité, les réseaux de chaleur se modernisent et deviennent intelligents. Découvrez les atouts des « Hot Grids » et les dessous de leur opération séduction.

Il était une fois les réseaux de chaleur

Il est aujourd’hui admis qu’en mutualisant les moyens de production de chaleur, les réseaux de chauffage urbains garantissent un approvisionnement fiable, une distribution sécurisée et une consommation maîtrisée de la chaleur.

Pourtant, les réseaux de chaleur, cet « ensemble d’installations qui produisent et distribuent de la chaleur à plusieurs bâtiments pour le chauffage et l’eau chaude sanitaire » n’ont pas toujours eu le vent en poupe.

Les premiers réseaux de chaleur sont installés dans les centres urbains des grcarte hot gridsandes villes dans les années 30. Ce n’est qu’entre les années 50 et 70 qu’on assiste à leur déploiement sur le territoire. Lors de cette période de forte urbanisation, la construction de nouvelles zones d’habitation s’accompagnait en effet de l’installation d’un réseau de chauffage urbain, fonctionnant le plus souvent au fuel lourd ou au charbon.  Un âge d’or qui a été de courte durée en raison de la baisse progressive du coût des énergies fossiles et de la concurrence du gaz et de l’électricité, largement disponibles et bon marché.

Résultat des courses, en 2012, les français se chauffent principalement à l’aide de gaz (44%) et d’électricité (33%). Le pays ne compte à peine que 450 réseaux de chaleur sur l’ensemble de son territoire qui ne représentent que l’équivalent de deux millions de logements desservis (soit 26 TWh d’énergie finale). Un maigre bilan qui s’explique par le faible rendement de ces réseaux et un manque de volontarisme politique pour relancer la filière.

Depuis quelques années, la tendance s’est inversée : l’avènement d’énergies renouvelables comme la biomasse ou la géothermie, le développement de la cogénération, la récupération de la chaleur issue des usines d’incinération ou des process industriels a stabilisé les prix des réseaux de chaleur et les a rendus compétitifs face à l’envolée du prix des énergies fossiles.

Certes, d’autres solutions de chauffage respectueuses de l’environnement émergent, à l’image des techniques de production de chaleur renouvelable et décentralisée (géothermie, chaudière-bois, chauffeau solaire, pompes à chaleur) sur le secteur résidentiel pavillonnaire. Mais lorsqu’il s’agit de bâtiments collectifs placés dans des zones densément peuplées (soit 43% de population), les solutions individuelles sont illusoires et le passage par les réseaux de chauffage urbains devient une sérieuse option.

Hot Grids : plus « verts », plus « intelligents ». Plus séduisants.

needo-calefaccion-radiadores-electricos-linea-m-ecoPour percer face à des énergies encore relativement bon marché comme le gaz ou l’électricité il ne suffit pas de devenir un nouvel entrant. Il faut devenir incontournable. Depuis quelques années, les réseaux de chaleur jouent alors la carte de la modernisation et vont jusqu’à se faire un véritable « lifting ». Plus verts, plus intelligents, les réseaux de chaleur des années veulent peser fort sur le marché. Ne les appelez plus réseaux de chaleur, appelez-les « Hot Grids ».

Citons les principaux atouts séduction des Hot Grids :

  • Ils se mettent au vert, en s’alimentant de sources d’énergie renouvelable (la géothermie et la biomasse) ou encore d’énergies de récupération (chaleur des data centers ou chaleur fatale issue des eaux usées)
  • Ils deviennent plus intelligents et communicants, grâce à des capteurs et des équipements disposés sur le réseau, qui permettent d’optimiser leur fonctionnement (ajustement de la production à la demande, anticipation des périodes de pointe, réduction des pertes d’énergie) et d’attirer les clients (qui pourront suivre leur consommation de chaleur en temps réel).
  • Ils présentent des systèmes de stockage très performants (rappelons que la chaleur se stocke plus facilement que l’électricité) qui pourront arriver en soutien de l’éolien et du photovoltaïque (en stockant le surplus d’électricité produite).
  • Ils permettent une gestion plus dynamique des différentes sources d’énergie. Les Hot Grids viendront s’ajouter aux Smart Grids (réseaux d’électricité et de gaz intelligents) et permettront de compléter la dernière pièce du puzzle énergétique de demain.

Propres, fiables, communicants, performants, dynamiques. Les Hot Grids ont tout pour plaire. Mais réussiront-ils, tel que l’ont fait les Smart Grids sur le secteur de l’électricité, à séduire les pouvoirs publics pour trouver une place dans le mix énergétique ?

Quand le gouvernement français drague les Hot Grids

Les rédacteurs de loi Grenelle 1 de l’Environnement ont été les premiers à tomber sous le charme : la prise en compte des réseaux de chaleur renouvelable est devenue obligatoire pour tous les textes relatifs à la construction et à l’urbanisme.

Dernièrement, c’est lors du Débat National sur la Transition Energétique qu’on a mis en avant les atouts des réseaux de chale
ur en tant que vecteur des énergies renouvelables et moyen incontournable de diversification du mix énergétique. La synthèse des travaux du débat propose notamment de mettre en place une politique efficace de réseaux de chaleur et un plan ambitieux de récupération fatale issue de la valorisation des déchets.

La classe politique commençait à faire des appels du pied ; le bal des projets séducteurs pouvait alors commencer.

En 2011 a été lancé le réseau de chaleur innovant sur la commune de Roquebrune-Cap-Martin (PACA). Alimenté par les eaux d’une station d’épuration, ce réseaupermet de chauffer l’éco-quartier CAP AZUR. La même année, est né le réseau de chaleur intelligent de l’éco-quartier GINKO, alimenté par de la chaleur 100% renouvelable et géré par Cofely.

En 2012, c’était au tour de Val d’Europe (77) de se lancer dans l’aventure et ce, en suivant un procédé pour le moins innovant. Dalimages-articles1024-598-3_2kia y a mis sur pied un réseau récupérant la chaleur d’un data center et pouvant alimenter en chauffage jusqu’à 600.000 m2 de bâtiments.

On cite déjà les futures gares du Grand Paris comme des futurs modèles d’expérimentation de réseaux de chaleur renouvelable. L’idée est de situer les réseaux de chaleur intelligents non plus en périphérie mais au centre même de l’ensemble de centres d’activités et de services qui graviteront autour de ces gares.

Le volontarisme politique est désormais de mise. Le gouvernement, la CRE et surtout les collectivités commencent à céder à la tentation des Hot Grids.

Mais un long chemin reste encore à parcourir puisqu’en France, les réseaux de chaleur n’alimentent que 5% de la population face à une moyenne européenne qui se situe à plus de 30%. Au Danemark, en République Tchèque ou en Islande, par exemple, les réseaux de chaleur représentent 50% du marché du chauffage. La ville de Copenhague est quant à elle entièrement alimentée en chauffage par des réseaux de chaleur.

Si les réseaux de chaleur ne doivent pas être une fin en soi, leurs avantages sont légion. Attention, les Hot Grids débutent à peine leur opération séduction en France. Feuilleton à suivre…

3 thoughts on “Hot Grids : l’opération séduction des réseaux de chaleur intelligents

  1. « Ne les appelez plus réseaux de chaleur, appelez-les « Hot Grids ». »

    Huh?!
    Donc si je comprends bien le terme anglais implique obligatoirement une intelligence supérieur ? pourtant mot à mot « hot grids » signifie « réseaux chauds ». Hot smart grids à la limite je veux bien … Mais réseau de chaleur intelligent sera très bien également !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back to top