SIdO 2018 : Les capteurs IoT, vers la maturité des technologies

Le Salon de l’Internet des Objets (SIdO) 2018 s’est tenu à Lyon les 4 et 5 avril. Ces 2 jours étaient l’occasion pour les startups, industriels, offreurs de technologies, acteurs du numérique, chercheurs, investisseurs, designers et collectivités de se retrouver pour partager, explorer et faire de l’Internet des Objets (ou IoT) la nouvelle économie. 350 exposants et 55 conférences plus tard, que pouvons-nous en retenir ?

 

 

La chaîne de valeur de l’IoT (Internet Of Things ou Internet Des Objets) est constituée de 3 briques : les capteurs captant l’information, le réseau la transmettant et les plateformes traitant les données pour créer de la valeur. Et si chaque brique a été largement abordée durant le SIdO 2018, nous nous pencherons dans cet article sur la première d’entre elle : le capteur.

 

Un secteur en plein foisonnement

 

Le capteur IoT se distingue du capteur traditionnel par les contraintes qui pèsent sur lui : une taille réduite, une obligation de communiquer et une totale autonomie de fonctionnement sans fil. Il n’est pas exagéré de dire que les catalogues de produits sont déjà épais. Cependant, on constate au sein de cette offre foisonnante de larges disparités. Le SIdO 2018 et les rencontres avec les industriels ont été l’occasion de constater que les capteurs IoT atteignent enfin une maturité technologique permettant d’envisager un élargissement de leur champ d’utilisation et avec cela un développement plus global de l’IoT industriel.

On a pu mesurer cette maturité globale du secteur lors de la rencontre avec les exposants. Nous pourrions retenir NEWSTEO avec ses 12 ans d’existence et son offre concentrée sur les solutions clés en main de fourniture et pose de capteurs IoT. Son offre couvre une large palette de données captables pour les milieux industriels : température, humidité, gaz, choc, fissure, déformation… Et pour s’établir plus fermement au sein de l’industrie, une partie conséquente de ces capteurs peut opérer en zone ATEX (zone sous règlementation des Atmosphères Explosives).

On peut également citer ANTIOTE dont le nom n’est peut-être pas familier : pourtant ce fut un des précurseurs de l’IoT avec la vente à « grande échelle » des COYOTES pour voiture. Aujourd’hui, avec plus de 20 ans d’expérience, l’entreprise accompagne de grands groupes comme TOTAL ou la MAIF dans leurs projets IoT.

Enfin et pour participer au renouvellement et au foisonnement de ce secteur, on a également rencontré des structures bien plus petites mais avec des idées intéressantes. Citons LEVEL IT qui commercialise des bouchons connectés pour cuve à fuel. Et si l’idée peut paraître basique, les implications pour les business model des grands fournisseurs pourraient être considérables.

 

Des projets emblématiques

 

Mais la maturité d’un secteur ne repose pas que sur ses acteurs ; c’est surtout les projets qui le font grandir. On pourrait en citer 2 diamétralement opposés : le projet de tourets connectés pour ENEDIS porté par NEXANS et le projet de bouchons connectés pour Cuve à Fuel.

Les Tourets Connectés

Le projet Tourets Connectés pour ENEDIS a des enjeux directs considérables. ENEDIS, distributeur d’énergie et chargé de la maintenance du réseau de distribution français, possède un parc important de tourets : les roues autour desquelles sont entourés les câbles en attente d’utilisation. Quelques chiffres : ENEDIS stocke quelques 40 000 tourets, en égare près de 300 par an et la durée d’immobilisation se compte en mois voire en années. C’est impactant lorsque l’on sait que ces tourets sont majoritairement loués. La facture : 8 millions d’euros « perdus » par an. Le projet a démarré par un pilote prévoyant la mise en place de 80 capteurs IoT de géolocalisation pour suivre les équipements, éviter les vols, et réduire l’immobilisation en utilisant en priorité les équipements les plus anciens. Le pilote a été jugé viable  malgré des problèmes de communication lors du stockage en empilement de tourets : 70% des capteurs communiquaient efficacement.

ENEDIS y a vu un intérêt certain et a renouvelé l’expérience pour 1000 tourets supplémentaires sur 2018. Au-delà de cette réussite, NEXANS, fournisseur de la solution, y voit une possibilité de renouveler le business modèle des fournisseurs de tourets. Avec des capteurs adaptés, il serait possible de compter le nombre de tours effectués par le touret et donc d’anticiper les besoins d’ENEDIS. On touche dans ce type de projet toute la valeur des capteurs IoT dans leur capacité à capter un large panel de données pour rapprocher les acteurs, créer de nouveaux services et faire évoluer les business model.

 

Les Bouchons de cuve à fuel connectés

Sur ces 2 derniers points, le projet de Bouchons de cuve à fuel connectés est tout aussi parlant. Le capteur mesure par ultrason le niveau de liquide dans la cuve et en déduit le remplissage voire l’autonomie associée et en avertit le propriétaire. LEVEL IT propose cette offre et a lancé sa commercialisation en 2017 avec un pilote de 100 unités. La start up prévoit pour 2018 une production de 1000 nouveaux capteurs. Alors qu’elle avait ciblé les propriétaires de cuves, la start-up s’est aperçue que le vrai débouché était ailleurs : les fournisseurs de fuel achètent les bouchons pour les offrir à leurs clients. L’objectif ? Créer un nouveau lien, anticiper les besoins de ravitaillement, optimiser les tournées et fidéliser le client. De simple fournisseur, l’acteur devient partenaire en jouant un rôle proactif.

 

REX & Bonnes pratiques pour l’IoT

 

Avec ces projets qui participent à la maturité du secteur viennent les premiers retours d’expérience et les premières bonnes pratiques identifiées notamment dans le choix des capteurs. Tout comme il n’y a pas un « meilleur réseau » IoT, il n’y a pas un « meilleur capteur » IoT. Tout l’apport des fournisseurs se trouve dans l’identification de la bonne solution en fonction du projet, des attentes du client et des nécessités liées. On peut malgré tout identifier de bonnes pratiques permettant de fiabiliser ce choix.

Dans l’industrie, la question économique est bien souvent voire toujours le driver principal des projets. La première question est donc le retour sur investissement du projet et le prix du capteur. Il faut choisir le capteur au bon prix. Mais qu’est ce que le « bon prix » ? En général, on considère que le prix du capteur doit être « dérisoire » par rapport à celui de l’objet auquel il est rattaché. La sécurisation de l’objet en question légitimise la présence du capteur. On en déduit que placer un capteur sur une clé à molette à 10 euros serait un non-sens ? Pas forcément. Une autre manière de calculer le ROI d’un projet serait d’estimer le temps consacré par les opérateurs ou l’entreprise en général pour retrouver ou utiliser l’objet. La valeur ajoutée n’est donc plus dans la protection de l’objet mais dans l’optimisation de son utilisation.

On constate également des avancées technologiques permettant d’étendre les limites des projets IoT : on parle de capteur de géolocalisation ne s’activant que lors de mouvement pour économiser la batterie, réduire les coûts réseaux, allonger la durée de vie du capteur…

L’enjeu le plus important de la brique capteur d’un projet IoT reste la question de « Quelle(s) donnée(s) capter ? ». Aujourd’hui, ce n’est pas l’élément captant l’information qui coûte le plus cher, c’est surtout la batterie. De plus, il n’est pas rare dans les projets industriels de réaliser en cours de déploiement qu’une donnée supplémentaire non identifiée à l’origine aurait pu être très intéressante. C’est bien dommage lorsque l’on sait que dans la majorité des cas, en phase amont du projet et avant l’installation, l’ajout d’une mesure supplémentaire sur un capteur n’est que peu impactante financièrement. Les acteurs du secteur conseillent globalement de multiplier les données captées par chaque capteur. La valeur ajoutée de l’IoT est justement la création de valeur en s’appuyant sur des données et des modèles imprévus.

Enfin, l’une des grandes inconnues de l’IoT réside dans la sécurisation de ses « briques ». Les conséquences d’une prise de contrôle d’un réseau de capteurs IoT pourraient être dramatiques. De plus, chaque capteur rattaché aux systèmes informatiques constitue une porte d’entrée à part qu’il convient de sécuriser. On parle bien entendu de security by design, de la nécessité d’intégrer la sécurité dès les premières étapes du développement. D’une manière plus spécifique, une bonne pratique est le couplage de 2 processeurs par capteur : l’un réseau, l’autre applicatif. Cela permet en cas de compromission du capteur réseau de conserver la possibilité de gérer le capteur via le processeur applicatif ou à défaut de « couper » le capteur.

Le SIdO 2018 a été une occasion de constater les avancées qu’a réalisé le secteur IoT. Le salon a confirmé un engouement qui ne semble pas faiblir. Si de nouvelles offres et de nouvelles idées sur la « brique capteur » ont été largement partagées pendant ces 2 jours, les autres éléments de la chaîne de valeur de l’IoT n’ont pas été en reste…

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