Kara : quand les lampadaires deviennent intelligents

L’écosystème français de startups est foisonnant : au dernier Consumer Electronics Show, la France était la deuxième délégation au monde, juste derrière les États-Unis avec 200 startups représentées. Et cela couvre tous les secteurs, y compris l’énergie. De grandes avancées se font d’ailleurs grâce à l’esprit créatif de ces jeunes pousses, qui n’hésitent pas à remettre en cause les processus établis, et à réfléchir à de nouveaux moyens de consommer, produire, gérer, ou même réfléchir à l’énergie. Parmi les espoirs français dans ce secteur de l’énergie, on compte Kawantech, qui vient de remporter le prix EDF Pulse.

Collaborations entre grands groupes et startups : l’exemple du prix EDF Pulse

Le climat favorable au développement de ces startups vient d’une part d’un fort investissement de la part des publics dans l’innovation, comme on peut le voir avec le Crédit Impôt Recherche (CIR) et les politiques favorables à l’essor du digital en France, telles que le projet de loi sur la République Numérique. D’autre part, il vient aussi d’un intérêt devenu très vif, de la part de grands groupes, pour ces viviers d’innovation. Et parmi ces groupes, des acteurs majeurs du secteur de l’énergie sont au premier rang : Total Energy Ventureset Openinnov by ENGIE en sont deux exemples.

EDF fait également partie de ces entreprises misant sur l’open innovation : parmi les initiatives portées par le groupe, le prix EDF Pulse décerne 100 000 euros ainsi qu’un accompagnement privilégié, aux projets les plus prometteurs. Cette année, trois thèmes en vogue étaient à l’honneur : l’habitat connecté, la ville bas carbone et l’e-santé. Après avoir sélectionné 6 projets dans chaque catégorie, la décision finale a été soumise au vote du public. Lors du salon Viva Technology, le prix pour la ville bas carbone a été décerné à Kara, une solution d’éclairage public intelligent développée par Kawantech.

De l’importance de l’éclairage dans la ville de demain

L’intérêt pour Kara illustre parfaitement les tendances actuelles, et surtout, l’impact des nouvelles technologies sur notre environnement de vie. Le renouveau de l’espace urbain est notamment devenu un enjeu majeur, à travers le monde : révolutionnée par les nouvelles technologies, la ville de demain devra entre autres être plus écoresponsable, adaptée aux comportements des citadins, agréable, et sûre. Et parmi les éléments constitutifs de la ville, l’éclairage public est un sujet clé, tant en termes économiques qu’écologiques. En effet, si l’on en croit les chiffres de l’Association Française de l’Éclairage, en moyenne 48% de la consommation d’électricité des collectivités et 37% de la facture d’électricité des communes correspondent à l’éclairage public, soit 18% de leur consommation totale d’énergie. La possibilité de réduire cette facture serait ainsi un changement énorme pour les pouvoirs publics, d’autant plus que le sujet attire l’attention des citadins : selon un sondage IPSOS d’octobre 2015, 91% des français pensent que la modernisation des installations est importante ou très importante ; et selon le sondage IFOP d’avril 2014, 92% pensent que les villes devraient s’équiper de luminaires LED et de détection de présence pour diminuer la facture d’électricité et la pollution lumineuse. De quoi rendre Kara très populaire…

Kara, l’éclairage public intelligent

Kara, produit de la startup toulousaine Kawantech, s’attaque de front à cette question des dépenses associées à l’éclairage public, grâce à son système de lampadaire intelligent. Le système est constitué de capteurs, fonctionnant via un processeur d’analyse de formes ainsi qu’un système de reconnaissance de mouvements, se fixant directement sur les lampadaires afin de les rendre intelligents. Les capteurs communiquent entre eux, et en analysant à la fois la forme des volumes environnants mais aussi la vitesse et la direction auxquelles ils se déplacent, ils ont le pouvoir de détecter et différencier une voiture, un piéton, ou d’autres objets, afin de moduler l’intensité de la lumière. Par exemple, dans une rue vide, le flux sera placé au minimum, il sera plus intense au passage d’une voiture, et maximal en présence d’un piéton. Au-delà de la diminution directe de consommation, cela permet également d’étendre le rendement et la durée de vie des lampadaires. Au total, Kara fait la promesse d’une réduction de 70% à la fois d’énergie consommée, et donc, de frais d’éclairage public.

 

Un modèle déjà testé en France

Si ces capteurs ont été mis sur le devant de la scène grâce au prix EDF Pulse, Kara n’est pas un projet futuriste en développement : le produit existe depuis quelques années déjà, et a déjà été mis en situation. Les toutes premières installations datent de 2014 : les capteurs ont été testés pendant un an à Toulouse, une des smart cities françaises, à la suite de plus de deux ans et demi de recherche et développement. C’est dans le cadre de cette période de test que la possibilité d’économies de 70% pour les collectivités a d’ailleurs été vérifiée. Aujourd’hui, Kawantech est passé en phase de production. Mais la startup ne vend pas directement ses capteurs aux collectivités locales : Kawantech collabore actuellement plutôt avec des entreprises, notamment le Groupe EDF ou Vinci Energies.

Kawantech à l’assaut du modèle de ville intelligente

Par ailleurs, Kawantech n’entend pas s’arrêter aux lampadaires intelligents : la startup s’intéresse également aux infrastructures et parkings intelligents, et plus globalement, à l’ensemble des problématiques qui gouvernent la smart city, que ce soit au niveau de la qualité de vie au quotidien, de la durabilité des structures, de soucis économiques ou de sécurité. Les capteurs développés pour Kara peuvent être adaptés à ces autres usages : Kawantech a déjà développé un système pour les parkings, capable d’identifier des places libres, de gérer leur occupation, ou encore de réaliser une surveillance détaillée en temps réel.

Grâce au Prix EDF Pulse, Kawantech recevra 100 000 euros, et disposera également d’un soutien de la part d’EDF pour développer sa visibilité et acquérir une plus grande notoriété publique. Grand espoir pour la réduction de l’impact environnemental de l’éclairage, et plus largement, pour l’optimisation de l’efficacité énergétique des villes, on peut donc espérer voir, dans les années à venir, de plus en plus de lampadaires intelligents dans nos rues.

One thought on “Kara : quand les lampadaires deviennent intelligents

  1. Bonjour et merci pour ce très bon article relatant de la Gestion technique des infrastructures. En effet les dispositifs de gestion d’infrastructures publiques intelligents prennent un essor dans nos société grâce aux développement des techniques énergétiques.L’éclairage public constitue les prémices de cet nouvelle aire de système intelligents.

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