Notre foyer : connecté, automatisé et…effaçable

Suite et fin de cette première série d’éclairages sur le Home Energy Management (HEM). Les derniers articles ont montré que la mesure et l’affichage des consommations énergétiques ne suffit pas pour investir les consommateurs dans la démarche. Si de nombreuses méthodes existent et se développent pour engager les consommateurs, l’ambition de certains acteurs est bien d’automatiser la gestion énergétique du foyer.

L’augmentation de la facture énergétique poussera les consommateurs à agir ? Pas forcement.

Une inertie importante existe de la part des consommateurs face à l’augmentation de leurs factures. Pour la majorité des clients, l’effort requis pour économiser 5 à 10€ par mois sur leurs factures ne le vaut pas. Ainsi, l’étude Energy Pulse 2011 du Shelton Group montre que les Américains seraient en moyenne près à subir une hausse de leurs factures de 128$ par mois avant d’envisager des travaux d’amélioration concernant l’efficacité énergétique de leurs maisons.

Dans ce contexte, l’automatisation est un moyen optimal pour s’affranchir (le plus possible) du facteur humain.
Deux approches principales sont en train d’émerger :

Le développement des services « Smart Home »

Opérateurs télécoms et pure-players le savent, le « foyer connecté » est la cible de toutes les convoitises. « Cinquième play » pour les uns (après la TV et le mobile) ou nouveau terrain d’expérimentation pour les autres (exemple Smart Things), il se positionne à la convergence des services de gestion énergétique, de la sécurité, du multimédia et de la santé / bien-être. Si aujourd’hui les box se multiplient (box énergie , box domotique, box FAI…) la prochaine étape est de rassembler ces services pour pouvoir les administrer de manière centralisée mais surtout pouvoir les faire dialoguer afin de gagner en intelligence.

A quoi peut ressembler une journée dans une « maison intelligente » ? Ce court film réalisé par British Gas peut vous donner un exemple :

Si technologiquement cette vision n’a rien d’inatteignable avec les capacités informatiques actuelles, les freins restent de 2 sortes :

  • Un marché encore embryonnaire  :
    Le marché est ultra-fragmenté, ce qui freine son développement. La clientèle cible est plutôt aisée (coût important de mise en œuvre et locataires potentiellement moins enclins à investir) et à l’aise avec les nouvelles technologies. Une clientèle de niche, donc.
  • Des clients potentiels à rassurer au niveau de la sécurité, de la confidentialité et du contrôle :
    Que se passe-t-il si on me vole le smartphone avec lequel je gère ma maison connectée ? Qui va avoir accès à mes données ? etc.  Ces questions sont encore à l’étude et des garanties fortes devront être apportées par les fournisseurs de service.

Smart Grid et « effacement » de votre foyer

L’effacement diffus ou « effacement résidentiel » consiste à réduire temporairement la consommation d’électricité d’un grand nombre de petits sites, en particulier de logements, de façon à diminuer la demande. Il s’agit par exemple d’interrompre brièvement, mais de façon synchronisée, l’alimentation de radiateurs ou climatiseurs situés dans des logements pour, au total, réduire la consommation d’électricité d’une région ou du pays.

La technologie est actuellement mise en œuvre au stade pilote.  Voltalis par exemple, vend des watt non-consommées à RTE (« nega-watt ») créés en coupant à distance le chauffe-eau ou le chauffage de votre foyer lors des pics de consommation sur le réseau. Les premières études montrent une économie moyenne totale de 10% avec un effacement de 25% (15min en moyenne par heure).

Un marché de niches en attendant la convergence

S’il est certain que l’automatisation jouera un rôle vital pour concrétiser les promesses du Home Energy Management, le marché et les solutions  restent immatures. Ces démarches devront co-exister à moyen terme, probablement réparties en plusieurs marchés. Du « Do-it-yourself » le plus libre à la solution propriétaire « clé en main », des leaders pourront apparaître dans chaque catégorie. Le secteur B2B devrait être le premier ciblé et les volumes dégagés permettront d’atteindre des tarifs compétitifs sur le B2C. L’étape d’après sera l’apparition d’agrégateurs de services s’appuyant sur les standards mis en oeuvre. Pourtant, la principale inconnue reste aujourd’hui l’appétence client…  Les consommateurs sont-ils prêt à laisser rentrer ces solutions au coeur de leurs foyers ? La réponse dans les mois et années qui viennent.

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