Les fermes verticales ou comment réconcilier villes et production agricole ?

On l’a tous appris dans nos livres de géographie, souvent la ville se définit par opposition à la campagne, la zone urbaine par opposition à la zone rurale… Et si cette vision, quelque peu réductrice, était désuète?

La ville de demain sera intelligente, elle reposera sur un développement économique durable par la mise en place de synergies entre les infrastructures, les transports, les réseaux de communication et les hommes.  En plaçant la production agricole au cœur des villes, la ferme verticale vient renforcer la smart city sur le plan écologique. La mise en place d’une production agricole urbaine écoresponsable permettra de répondre aux besoins d’une population urbaine toujours plus importante.

Mais qu’est ce qu’une ferme verticale ? Et en quoi ce concept s’inscrit dans les initiatives de la smart city ? Finalement, quels en sont les exemples concrets de réalisation ?

Explication du concept de ferme verticale

Le concept de ferme verticale a été développé par l’écologiste Dickson Despommier dans les années 2000, notamment par son ouvrage « Les fermes verticales – nourrir le monde au 21ème siècle » (2011).  Selon D. Despommier la forte augmentation de la population mondiale (une croissance estimée de + 3 milliards d’Hommes d’ici 2050) concentrée dans les zones urbaines, provoquerait une pression sur les besoins alimentaires de tous les pays, tout en réduisant les terres cultivées au profit de l’expansion des zones urbaines.

Dans ce scénario, le professeur de Santé Publique à l’université de Colombia présente les fermes verticales comme une solution durable et écoresponsable à cette pression alimentaire. La production agricole est alors intégrée à la croissance urbaine, à l’image des différents exemples qu’il cite dans la vidéo ci-dessous :

 

 

Vers des villes intelligentes plus écoresponsables

Le terme de ferme verticale fait donc référence à ces serres emblématiques installées dans les gratte-ciel. Par extension, il rassemble l’ensemble des initiatives de production agricole dans des zones urbaines. Ces initiatives répondent à deux besoins : celui de produire en respectant l’environnement et celui de produire en grandes quantités pour répondre aux besoins de la ville. Cette production repose sur « hydroponie » le fait de produire en intérieur, sous climat artificiel, en reproduisant la lumière, l’hygrométrie, la température et le vent de l’extérieur.

Ce mode de culture jouit d’une productivité exceptionnelle :

  • La superposition verticale des salades par exemple permet de produire dix fois plus qu’en plein champ sans craindre de saisonnalité ou de risques climatiques
  • L’hydroponie par le recyclage des eaux urbaines et de culture permet une réduction de 90% de la consommation d’eau dans certaines cultures
  • La mise en place de serres réduit considérablement les rejets dans l’environnement des pesticides et des matières premières utilisées lors de la production

Cette forte productivité vient directement servir un marché local : les habitants des villes où sont implantées les fermes. Certains projets vont même jusqu’à proposer des systèmes autarciques où ces fermes subviennent aux besoins des habitants des bâtiments où elles sont implantées. Les fermes verticales peuvent donc s’inscrire dans une logique d’agro housing.

De cette chaîne d’approvisionnement réduite découle une forte réduction de l’impact écologique de la production, par une une importante diminution des besoins en transports routier et ferroviaire.

Ces projets participent donc à des villes plus intelligentes mais surtout plus écologiques. Par une agriculture bio et de proximité qui crée de l’emploi dans des zones où la population est concentrée.

Enfin, le modèle de serres urbaines contribue également à l’amélioration de la qualité de l’air urbain par notamment l’utilisation de pompes à CO2 et la production d’oxygène par les plantes cultivées.

Des projets qui se structurent, notamment en France à Lyon

Jusqu’à présent les projets de fermes verticales tenaient plus de la science fiction que de réalisations concrètes à travers les présentations par de célèbres architectes de projets d’écoquatiers structurés autour des fermes verticales.

C’est notamment le cas des projets de l’architecte français Vincent Callebaut proposant des projets d’envergure pour New York  voire même pour la création de cités indépendantes.

Les concepts de fermes verticales et par extension de fermes urbaines se sont souvent limités à la proposition de projets utopiques et futuristes. Cependant ces dernières années des projets plus raisonnables ont vu le jour et se sont concrétisés. C’est le cas aux Etats-Unis où une ferme urbaine est opérationnelle à Chicago. Ou encore à Singapour où l’une des premières fermes verticales au monde Sky Greens a été inaugurée en 2009.

Au début du mois de juillet 2014 le projet FUL (Ferme Urbaine Lyonnaise) a été dévoilé à la presse. Cette serre urbaine dans la métropole du Grand Lyon spécialisée dans la production de salades sera opérationnelle à l’horizon 2016 selon les architectes lyonnais responsables de la mise en oeuvre du projet.

C’est une première en France, où jusqu’à présent les initiatives de fermes urbaines avaient surtout une ambition pédagogique, avec notamment l’exemple parisien de la Ferme de Paris dans le bois de Vincennes.

Une multiplication des projets qui placent la production agricole au centre des villes : la ville intelligente tendrait-elle donc à intégrer l’ensemble des activités utiles à l’homme au sein d’un même espace connecté et écoresponsable ? Menacerait-elle notre vision traditionnelle du territoire ?

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