Lisbonne : la capitale verte de l’Europe en 2020 ?

La capitale lusophone fait aujourd’hui un pied de nez à la crise financière, en mettant l’environnement et la qualité de vie de ses habitants au cœur de sa stratégie de développement.

Le projet urbain « Lisboa/Europa 2020 » se donne les moyens de réinventer et redynamiser la capitale grâce à un programme complet et à la pointe de l’innovation ; énergies renouvelables, mobilité durable, réseaux intelligents pour l’eau, l’électricité et le gaz, réhabilitation de la biodiversité, accessibilité… Tous les facteurs clé semblent se déployer progressivement, donnant ses chances à Lisbonne de devenir la capitale verte de l’Europe.

Énergies renouvelables : en avant toute !

En quelques années, grâce à la volonté gouvernementale, 20,4% de l’énergie consommée dans le pays provient des énergies renouvelables (chiffres 2012 de l’APREN).

Le plan stratégique de développement énergétique (ENE – Estratégia Nacional para a Energia 2020) vise à ce que 60% de la production électrique et 31% de la consommation totale d’énergie proviennent de sources renouvelables d’ici 2020, tout en réduisant de 20% la consommation totale. Ces objectifs font du pays l’un des leaders européens en matière d’énergies renouvelables.

Avec 20% de la population portugaise et 40% du PIB, la capitale a un vrai rôle à jouer ;  la contribution à l’efficacité énergétique passera autant par la recherche de solutions innovantes que par l’application de modèles grandeur nature, sans oublier l’évolution des comportements.

Pour sa production d’énergie, Lisbonne mise sur le solaire. Plus de 10 % de l’électricité consommé dans la ville provient de sources renouvelables. Mais ces résultats sont encore bien en deçà du potentiel : d’après E-Nova, l’agence municipale de l’énergie et de l’environnement, qui ne compte plus les projets et pilotes menés chaque année avec l’Union Européenne, plus de 30%  des bâtiments peuvent recevoir des panneaux photovoltaïques, de quoi fournir 40% des besoins en électricité de la ville.

La recherche de l’efficacité énergétique : vers une smart city

Le suivi précis de la production et de la consommation d’électricité est un allié de taille pour réduire la consommation. La ville l’a bien compris et mise fortement sur les smart grid ; en exemple, le projet BESOS (Building Energy decision Support systems fOr Smart cities), dans le cadre du projet européen des Smart Cities, où Lisbonne et Barcelone sont les villes pilotes pour la mise en place d’une plate-forme intelligente analysant et restituant les données de consommation électrique.

Au préalable, le projet APOLLON (Advanced Pilots of Living Labs Operating in Networks) avait permis à la ville de travailler main dans la main avec Amsterdam et Helsinki au développement de technologies de mesure de la consommation énergétique en temps réel. La coopération avait ensuite abouti à l’installation de compteurs intelligents sur un périmètre pilote de près de 300 foyers. Les volontaires pouvaient suivre leur consommation, mise à jour toutes les 15 minutes, via un site web qui leur indiquait également les appareils fonctionnant inutilement.

A noter que ces dispositifs existent également pour le gaz et l’eau. Ils ont permis de réduire de 23% la consommation d’eau de la ville entre 2007 et 2013.

En route vers la mobilité électrique

La ville s’engage également à réduire les émissions des véhicules et étendre son réseau de transport. Il s’agit là d’un sujet central dans le projet urbain : 400.000 véhicules entrent et sortent chaque jour de la capitale, dont les accès sont totalement engorgés.

Lisbonne souhaite limiter les allées et venues en fixant davantage la population, grâce à l’emploi et la qualité de vie offerte. Comment y parvenir ? L’un des axes de travail retenu est de devenir un espace accessible, avec très peu de voitures, où l’on se déplace aisément : circuler d’un espace vert à l’autre en vélo électrique (utile dans cette ville appelée « la ville aux sept collines ») ou en voiture électrique (près de 700 bornes de recharge installées en 2012) et proposer des connexions intermodales avec un réseau de transport en commun redensifié, refaisant la part belle au tram (150 km de lignes il y a cent ans contre quelques dizaines aujourd’hui). À terme, la ville espère réduire de 50% le flux automobile et de 20% l’émission de CO2.

Des ambitions sans doute pharaoniques, qui ont été pour l’heure traduites en projets prudents et réalistes, dont les premiers résultats sont encourageants. Les élus locaux y croient et n’hésitent pas à clamer fièrement  « En 2020, Lisbonne sera la capitale verte de l’Europe ! » (interview de José Sá Fernandes, adjoint au maire chargé de l’environnement, des espaces verts et du domaine).

Forte d’une volonté politique sans faille et d’une gouvernance partagée entre les politiques, les habitants et les entreprises, Lisbonne se tient prête à répondre aux appels d’offres européens (« Europe 2020 », « Horizon 2020 », « Smart Cities »,…). En espérant que le pays, affaibli financièrement, saura trouver les moyens de ses ambitions.

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