Compteurs communicants : quels nouveaux services pour le consommateur ?

En 2021, l’ensemble du territoire français sera équipé de compteurs communicants Linky.  En fournissant les données de consommation d’électricité en temps réel, ces compteurs constituent une avancée majeure pour les gestionnaires de réseau. Une meilleure détection des incidents réseaux, une diminution du coût de relève des index de consommation ou encore une amélioration des prévisions de consommation sont autant de bénéfices induits par ce déploiement massif de plus de 35 millions  de compteurs. Néanmoins, la question du bénéfice pour le consommateur à proprement parler se pose : quels nouveaux services pourront être proposés afin que chacun puisse se sentir concerné et saisir les possibilités offertes par ce compteur ?

 

Permettre au client de comprendre sa consommation d’énergie

Aujourd’hui, les informations fournies aux consommateurs par leur fournisseur restent très limitées et souvent peu compréhensibles  : selon un sondage Ifop-Qinergy paru en septembre 2014, 9 français sur 10 ne comprennent pas l’intégralité de leur facture d’électricité.

Grâce à la richesse des données collectées par les compteurs communicants, les fournisseurs  d’électricité seront en mesure de fournir aux consommateurs des informations plus précises et plus complètes sur leur consommation : comparaisons avec les mois précédents, visualisation de la consommation quotidienne voire même son évolution au sein d’une journée.

Ces informations représentent donc l’opportunité pour le consommateur de mieux comprendre sa facture et corréler la consommation électrique qui lui est facturée avec son usage réel, ce qui l’encourage à réaliser des économies d’énergie. À titre d’exemple, le consommateur pourra visualiser directement l’impact d’un changement de son comportement (réduction du chauffage, éteinte des appareils en veille, etc.) sur sa consommation.

L’utilisation de la donnée comme vecteur de différenciation sur un marché libéralisé

Malgré la libéralisation du marché ayant eu lieu dans les années 2000, EDF reste le principal fournisseur d’électricité avec environ 88,6% des parts de marché. Et pour cause, hormis l’argument du prix, sur lequel la marge de manœuvre reste très faible, les nouveaux arrivants sur le marché disposaient jusqu’alors de peu de moyens de se différencier. L’arrivée des compteurs communicants marque, tant pour le fournisseur historique que pour ses concurrents un premier virage que chacun se devra de négocier habilement en proposant une offre enrichie et pertinente. En effet, l’acquisition et l’utilisation des données liées à la consommation énergétique des clients va permettre aux fournisseurs d’électricité de développer leur offre de service : richesse de l’espace client , audit énergétique à distance, proposition d’offres adaptées , etc. C’est à travers la bonne utilisation de ces données que les différents fournisseurs d’électricité pourront apporter de la valeur ajoutée et se réinventer aux yeux du consommateur.

Cette révolution est d’ailleurs déjà en cours aux États-Unis, en témoigne le succès d’OPOWER qui en plus d’offrir aux consommateurs une vision détaillée de leur consommation,  leur permet de comparer leur consommation avec celle de foyers similaires.

L’avenir ; Connaître sa consommation électrique par appareil ?

Allons encore un peu plus loin dans les opportunités que représente ce tournant. Un des usages les plus prometteurs de l’analyse de ces données est l’identification de la consommation électrique par appareil : Combien me coûte mon chauffage ? L’alimentation de mon ordinateur ? L’utilisation de mon réfrigérateur ? Dans une vision prospective,  cette information  permettrait de faciliter la prise de décision des consommateurs quant à l’achat d’appareils moins énergivores ou encore la réalisation de travaux d’efficacité énergétique ciblés.

Mais comment cela fonctionnerait-il ? En mesurant régulièrement la consommation électrique au sein d’un bâtiment, le compteur permet d’obtenir sa courbe de charge, c’est-à-dire l’évolution de sa consommation dans le temps. Afin d’identifier la consommation des différents appareils, il faut être capable de désagréger cette courbe de charge, c’est-à-dire de la décomposer en une somme de courbes correspondant à la consommation de chaque appareil.

La consommation de chaque appareil, elle,  peut être reconnue car elle est composée de signes caractéristiques (périodicité, amplitude, etc.) qui la différencie des autres appareils. C’est ce que l’on appelle la signature électrique d’un appareil. À l’aide de ces signatures, il est ainsi possible de créer des algorithmes capables de reconnaitre chaque appareil sur une courbe de charge.

Pour ce faire, il faut néanmoins être en possession d’une courbe de charge précise avec une durée entre chaque mesure de la consommation de l’ordre de la seconde. Ceci implique donc une importante quantité de données à stocker et à traiter à l’aide de l’algorithme de reconnaissance. L’enjeu principal est donc de mettre en place des algorithmes de reconnaissance fiables (notamment la prise en compte du vieillissement de l’appareil et donc de la modification de sa signature) et d’y adosser une capacité de traitement d’une grande quantité de données  en un temps très réduit.

Avec près de 150 articles scientifiques publiés en 2014 sur la désagrégation de la courbe de charge, on peut imaginer que des algorithmes de plus en plus fiables et efficaces vont se développer autour de ce sujet, permettant le développement de cet usage ô combien prometteur des données.

 

Grâce aux compteurs communicants, les fournisseurs d’électricité pourront avoir accès à des données précises sur la consommation de leurs clients et ainsi développer leur offre de service. En particulier, ils pourront fournir à leur client une vision détaillée de leur consommation (consommation journalière, statistiques sur l’évolution,…) et leur proposer une offre énergétique adaptée. Enfin, s’il est aujourd’hui techniquement possible d’identifier la consommation électrique par appareil, le coût lié au stockage et au traitement des données nécessaires à cet usage reste un frein important pour le développement de cet usage. Au-delà du choix du service proposé, la question de la sécurité et de la confidentialité des données sera un enjeu majeur pour les utilisateurs de la donnée.

 

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