COP26 – Des attentes élevées et un futur à prendre en main

Du 1er au 12 Novembre 2021, le monde aura les yeux rivés sur la COP26 de Glasgow. Glasgow, qui signifie en Gaélique « Petite vallée verte », semble être le lieu idéal pour accueillir ce sommet, à l’heure où les experts du climat alertent sur les conséquences à venir du réchauffement climatique. La COP, de l’anglais « Conference of parties », est une grande conférence internationale sur le climat. Les COP ont vu le jour lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro (Brésil) en 1992, qui a réuni 120 chefs d’Etat et de gouvernements et les représentants de 189 pays. Parmi eux, 153 ont signé la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement Climatique (CCNUC), dont l’objectif est de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre. [1] Suite à cela, les signataires se sont réunis chaque année, afin de débattre et proposer des plans stratégiques de lutte contre le dérèglement climatique.

Chiffres clés COP26
Schéma Wavestone 1 : Quelques chiffres sur la COP 26

Cette année il s’agit donc de la 26e édition, organisée sous la présidence britannique et en partenariat avec l’Italie, six ans après l’accord historique signé lors de la COP21 de Paris en 2015. Cette édition fut l’une des plus marquantes de l’histoire, où, plus de 195 pays ont signé un accord dont les grandes lignes sont les suivantes :

  • La nécessité de maintenir l’augmentation de la température globale « bien en dessous » de 2°C en essayant de la limiter à 1,5°C
  • La volonté de réduire la quantité de gaz à effet de serre nocifs produits et un recours bien plus important aux énergies renouvelables (éolienne, solaire…)
  • Des aides financières colossales à partir de 2020 (100 milliards de dollars par an), pour aider les pays les plus pauvres et vulnérables
  • Un suivi des indicateurs de progrès sur l’Accord réalisé tous les cinq ans
Historique des COP
Schéma Wavestone 2 : Naissance, succès et déception des COP depuis 1992 [1]

Cet accord, bien qu’historique, n’a pas forcément eu l’effet escompté, et les émissions de gaz à effet de serre se sont démultipliées au cours des dernières années. La COP26 intervient alors dans un moment critique, où, rapports d’urgence climatique et catastrophes naturelles se succèdent.

Quels seront les grands enjeux de cette conférence ? Comment répondre aux alertes du rapport du GIEC publié en 2021 ? Quels rôles devront jouer les pays les plus développés ?

Les grands enjeux de la COP26

C’est le top départ pour ce sommet tant attendu, repoussé d’un an en raison de la crise sanitaire en 2020. L’objectif principal : rassembler toutes les parties afin qu’elles se mettent d’accord sur les efforts à fournir dans la lutte contre le réchauffement climatique. La COP26 est le premier sommet où vont être examinés les progrès accomplis ou non depuis la signature de l’accord de Paris sur le climat. Ce sera aussi l’occasion de fixer de nouveaux objectifs, audacieux et ambitieux, en revoyant à la hausse les efforts et les actions à mettre en place.

Garantir le net zéro carbone d’ici 2040

Les experts le disent (Bulletin annuel OMM, Rapport GIEC), en continuant sur cette lancée, nous ne parviendrons pas à maintenir le cap des 1,5°C. Cependant, les espoirs sont encore présents, mais un réel travail d’équipe devra être réalisé par l’ensemble des pays du monde. La pandémie de COVID19 a mis en exergue la capacité de l’humain à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Lors de la COP26, l’objectif sera d’annoncer un plan de réduction de ces émissions, notamment de la part des pays les plus développés et les plus producteurs d’émissions. Plus que des cibles et des trajectoires, ce sont des actions qui seront attendues. Cela passera par une sortie progressive du charbon, première source de production d’électricité dans le monde (40% du mix électrique mondial), mais qui est aussi la première cause des émissions de gaz à effet serre (20%) [3]. Afin de permettre un équilibre entre émissions de GES et absorption de carbone, la protection des forêts (par la limitation de la déforestation massive) est devenue aujourd’hui une priorité, lorsque près de 30 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année (soit l’équivalent de la superficie de l’Italie).  Enfin, seront aussi abordés les sujets de : l’accélération de l’électrification massive de la flotte automobile et les investissements importants à réaliser dans les énergies renouvelables.

La neutralité carbone
Schéma Wavestone 3 : Schématisation de la neutralité carbone : l’équilibre entre les émissions de GES et l’absorption de carbone

L’adaptation – Protéger les communautés et les habitats naturels

Les populations et les habitats naturels les plus vulnérables sont les plus exposés aux effets néfastes du changement climatique, bien qu’ils aient peu contribué à ce dernier. Les catastrophes naturelles se sont accélérées au cours des dernières années, avec notamment une fréquence bien plus importante (épisode de gel tardif provoquant des ravages dans la viticulture française, des températures extrêmes au Canada, des pluies torrentielles en Allemagne, sans oublier le métro New-Yorkais sous les eaux…) [4].

Selon l’OMM, le nombre de catastrophes d’origine météorologique ou bien climatique a été multiplié par cinq entre 1970 et 2019. Cependant, il reste à ce jour difficile d’établir de manière rigoureuse et scientifique la relation de cause à effet entre réchauffement climatique et accélération des catastrophes naturelles.

La protection et la restauration des habitats sera un des enjeux des discussions lors de la COP26, puisqu’elles constituent un moyen efficace de renforcer la résilience aux effets du changement climatique. A l’occasion de ce rassemblement, les pays devront discuter d’une « Adaptation Communication », autrement dit, un plan d’adaptation développant ce qu’ils ont prévu de faire pour s’adapter aux impacts du changement climatique, et mettre en avant les sujets sensibles sur lesquels ils nécessitent de l’aide.

Chiffres clés catastrophes naturelles
Schéma Wavestone 4 : Quelques chiffres de l’OMM sur les catastrophes climatiques et leurs conséquences [4]

Ajuster le plan d’aide pour accompagner les pays les plus pauvres

Au cœur des préoccupations de la COP26, se trouve la finance. En effet, lors de la Signature de l’Accord de Paris, les pays développés se sont engagés à verser 100 milliards de dollars par an jusqu’en 2025. Cette somme a été définie afin d’agir vite, et de prendre des mesures radicales contre le changement climatique, afin d’aider et permettre aux pays les moins développer d’y contribuer. A ce jour, cette promesse n’a pas été totalement honorée, mais, malgré trois ans de retard, la somme des 100 milliards pourrait être atteinte d’ici 2025. [5]

Les changements dont nous devons être prêts à faire face nécessitent tout type de financement (public et privé) pour :

  • Développer des infrastructures afin de favoriser une transition vers une économie plus verte et plus résiliente
  • Favoriser l’innovation et le développement de nouvelles technologies
  • Libérer les milliers de milliards de financements privés qui sont nécessaires pour se diriger vers un niveau net zéro carbone d’ici 2050

Pour ce faire, il s’agit d’améliorer la quantité et la qualité de l’accès aux financements pour aider les communautés du monde entier à prendre des mesures radicales face au changement climatique. Le Royaume-Uni, hôte de cette COP26, a décidé de doubler son financement international pour le climat pour atteindre au moins 11,6 milliards de livres (13,7 milliards d’euros). En faisant cela, le Royaume Uni espère jouer un rôle de leader et entraîner avec lui les autres pays développés dans ce choix.

Un travail d’équipe pour la rédaction finale du « mode d’emploi » de l’Accord de Paris

L’une des priorités dans les négociations de la COP26 réside dans la finalisation des règles nécessaires à la mise en œuvre finale de l’Accord de Paris. Il est devenu primordial de proposer des solutions pour que les marchés du carbone puissent avoir des objectifs revus à la hausse, et notamment dans les actions d’atténuation et d’adaptation. La lutte est aussi celle des problèmes liés à la transparence des rapports, et pour cela, la confiance doit être de mise afin d’aider tous les pays à respecter leurs engagements climatiques. De plus, la COP sera l’occasion de négocier un accord qui incitera les gouvernements à faire preuve d’une grande ambition au cours des prochaines années afin de ne pas dépasser le seuil des 1,5°C.

Cette décennie est décisive dans la lutte contre le réchauffement climatique et il est nécessaire que chaque pays, petit comme grand, développé comme en développement, fasse preuve d’une grande volonté et propose des actions. La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas un travail d’individualité mais bien un enjeu collectif, mêlant les gouvernements de chaque pays, les entreprises du monde entier ainsi que les sociétés civiles.

Ainsi, lors de cette 26ème édition de la COP, des mesures ambitieuses sont attendues, avec des plans proposant des actions concrètes afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

Les difficultés de la lutte pour le climat et les appréhensions de la COP 26

La lutte pour le climat est devenue une des priorités de nombreux états dans le monde entier. Cependant, malgré de nombreux sommets dont l’environnement est le sujet clé, et des feuilles de route étoffées depuis plusieurs années par de nombreux gouvernements, cette lutte est loin d’être facile.

Des COP chaque année, mais parfois sans grande réussite

Toutes les COP n’ont pas l’allure de la COP21, terminée avec la signature de l’Accord de Paris, servant aujourd’hui de référence pour la lutte contre le climat. Au contraire, certaines, malgré plusieurs jours de sommets, tirent des conclusions décevantes. C’est le cas par exemple de la COP15 en 2009 à Copenhague où un accord peu ambitieux et surtout sans contraintes a été signé par les parties. La volonté de limiter le réchauffement planétaire à 2°C est bien présente, mais on ne peut y trouver des engagements chiffrés de réduction des émissions de gaz à effet de serre. [6]

La dernière COP en date, à savoir celle de 2019, organisée à Madrid, n’a pas été à la hauteur des attentes, puisque les trois points essentiels des négociations n’ont abouti à aucun accord. En effet, il n’y a pas eu d’actions concrètes pour relever les ambitions des Etats dans la lutte contre le réchauffement ni de revue à la hausse du financement des pertes et préjudices afin d’aider les pays les moins développés et les plus touchés par le changement climatique. Enfin, aucune avancée quant à la mise en place des marchés de carbone n’a pu être notifiée. [7]

Les COP permettent de mettre autour d’une même table les gouvernements du monde et d’aboutir à des traités. Mais jusqu’à aujourd’hui, ces traités sont « non-contraignants ». En d’autres termes, cela signifie qu’il n’y a pas de sanctions claires si un gouvernement est amené à ne pas respecter un traité même s’il l’a signé. De plus, certaines grandes nations ne montrent pas forcément leur volonté de combattre ensemble les problématiques climatiques, à l’image de l’absence des présidents chinois et russe cette année, créant ainsi un sentiment d’impuissance avant même le début de la COP.

Mais, face à l’urgence climatique à laquelle nous faisons face, nous pouvons espérer de la COP26 une réaction historique et ambitieuse.

De grands émetteurs qui ont du mal à revoir leurs contributions nationales

La crise sanitaire et la mise à l’arrêt de nombreux secteurs, dont notamment celui du transport, ont démontré la capacité de différents pays à diminuer leurs émissions de CO2 (baisse des émissions mondiales de 5,8%, plus forte baisse annuelle depuis la Seconde Guerre mondiale) [9]. Mais la sortie de crise et le redémarrage des diverses activités, notamment une montée en puissance de l’activité chinoise, a eu l’effet inverse et un rebond a été observé (en Décembre 2020 les émissions du secteur énergétique étaient de 2% supérieures à leur niveau de Décembre 2019 soit 60 millions de tonnes de plus). D’après une étude de l’école de l’environnement de Yale, la Chine continue de construire sur son territoire plusieurs centaines de centrales à charbon (avec un planning de 247 gigawatts), et s’éloigne donc petit à petit de son objectif de neutralité carbone pour 2060. En se basant sur des résultats d’instituts comme Climate Analytics à Berlin ou bien New Climate, la politique de la Chine ne permettrait pas d’atteindre la limite de 1,5°C fixée par l’Accord de Paris, mais plutôt un réchauffement global de 3°C. [10]

Plusieurs grands pays très émetteurs ont déposé leurs NDC (contributions déterminées au niveau national) à seulement quelques jours du lancement de la COP26 (la date butoir était le 31 Juillet 2021). C’est le cas de la Chine (1er pays émetteur mondial avec 9,8 milliards de tonnes de CO2) ou l’Arabie Saoudite (9ème pays émetteur). L’Inde (3ème pays émetteur avec 2,4 milliards de tonnes de CO2) quant à elle, n’a rien rendu. Outre ces NDC manquantes, certaines sont considérées comme insuffisantes (la Russie, le Mexique ou bien le Brésil). [11]

Pays les plus pollueurs
Graphique 1 : Graphique présentant les 10 pays plus gros émetteurs de CO2 en 2019 (en million de tonnes). Source : BP Statistical Revview of World Energy 2020

Des décisions difficiles qui auront un impact économique et social

Il est de l’objectif de la COP26, de réunir tous ces pays et de porter l’ambition mondiale à un niveau bien plus important, afin de tenir les engagements de l’Accord de Paris. Bien évidemment, la nécessité de réduire drastiquement les émissions et ce, de manière rapide, risque d’avoir des conséquences économiques et sociales non négligeables. En effet, de nombreux pays sont totalement dépendant du charbon, et donc un changement radical aura un effet sévère sur l’économie du pays.

De même, limiter l’usage de la voiture sans être confronté à l’opposition de la population (perte d’un confort de vie) est difficilement gérable. C’est la raison pour laquelle les pays du monde entier doivent travailler main dans la main, et ce dès le début de la COP26, pour veiller à prendre des décisions et des actions qui auront un impact mesuré sur la population.

Un espoir pour un avenir plus sain

Malgré des rapports alarmants sur la santé actuelle de l’environnement, ou bien la difficulté de certains gouvernements à revoir leur stratégie et trajectoire de lutte pour le climat, les espoirs sont encore grands, et les possibilités aussi. Aujourd’hui, c’est dès l’école que l’environnement est un sujet d’instruction. La banalisation du climat est bien visible, et petit à petit, tout le monde se sent concerné : gouvernements, entreprises mais aussi la population. La vente des voitures électriques décolle sur le marché européen (environ 1,33 million de voitures 100% électriques ou hybrides rechargeables ont été vendues en Europe de l’Ouest en 2020 [12]). Les entreprises de nombreux secteurs ont décidé de suivre un chemin commun menant vers la neutralité carbone. En France, la loi énergie-climat promulguée en Novembre 2019 semble avoir eu un impact positif sur les entreprises du CAC40. En effet, de nombreuses entreprises ont multiplié leurs engagements vers la neutralité ou bien zéro émission nette, passant ainsi de 22,5% des entreprises en 2019 à 43% en 2020. [13]

Très récemment, RTE a publié un rapport très attendu dévoilant et détaillant six scénarios sur l’évolution de la consommation et de la production électrique française d’ici au milieu du siècle. Chacun des scénarios met en avant la nécessité d’augmenter, d’ici 2050, la part des énergies renouvelables dans le mix électrique national. Elles représentent aujourd’hui un quart de la production électrique française (25,8% du mix électrique entre Janvier 2021 et Mars 2021), et devront atteindre a minima 50% dans le mix total en 2050 afin de maintenir les objectifs environnementaux. [14]

Nous l’avons compris, la COP 26 devra faire émerger de la part des grandes puissances mondiales, tout comme des pays en développement, de grandes ambitions pour préserver l’environnement et pour agir face à l’urgence climatique. Plus qu’un accord, seront attendues des trajectoires, des stratégies précises, chiffrées et surtout concrètes, avec la volonté de travailler ensemble, sur chacun des continents. Les gouvernements doivent faire de l’espoir qui règne pour la COP26 une réalité et ils doivent nous aider, tout un chacun, à façonner l’avenir qui se dresse devant nous.

 

 

 

 

 

 

Bibliographie

[1] : https://www.la-croix.com/cop-historique-dates-conferences-climat-2021-10-19-1201181278

[2] : https://www.wedemain.fr/dechiffrer/cop26-conference-climat-date-lieu-participants/

[3] : https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/climat-la-chine-relance-sa-production-de-charbon-a-un-mois-de-la-cop-26-1353621

[4] : https://www.lesechos.fr/idees-debats/sciences-prospective/quand-le-rechauffement-climatique-se-traduit-en-catastrophes-1357605

[5] : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/25/climat-l-objectif-de-100-milliards-de-dollars-pour-les-pays-du-sud-atteignable-en-2023_6099859_3244.html

[6] : https://www.lemonde.fr/le-rechauffement-climatique/article/2009/12/19/la-bilan-decevant-du-sommet-de-copenhague_1283070_1270066.html

[7] : https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/climat/cop25-a-madrid-la-cop-de-tous-les-echecs_139896

[8] : https://www.challenges.fr/green-economie/climat-les-emissions-mondiales-de-co2-sont-deja-reparties-a-la-hausse_761748

[9] : https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/energie-les-emissions-de-co2-rebondissent-fortement-apres-laccalmie-historique-liee-au-covid-1294588#:~:text=Au%20d%C3%A9but%20de%20la%20pand%C3%A9mie,%C3%A9nergie%20(AIE)%20publi%C3%A9%20mardi.

[10] : https://climateanalytics.org/media/closingthegap_web.pdf

[11] : https://www.lemonde.fr/international/article/2021/10/28/climat-la-chine-depose-sans-convaincre-ses-nouveaux-engagements-avant-la-cop26_6100257_3210.html

[12] : https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/voitures-electriques-le-grand-decollage-du-marche-europeen-1284225

[13] : https://investir.lesechos.fr/investir-responsable/dossiers/le-facteur-carbone-ne-sonne-pas-deux-fois/ces-entreprises-qui-s-engagent-pour-la-neutralite-carbone-1945547.php

[14] : https://www.rte-france.com/analyses-tendances-et-prospectives/bilan-previsionnel-2050-futurs-energetiques

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