Guardhat, le casque connecté pour la sécurité industrielle

Depuis le développement de la machinerie, les accidents de travail liés au milieu industriel ont toujours été un grand challenge multi-sectoriel. Malgré les consignes de sécurité et les procédures internes, un grand nombre d’accidents est signalé chaque jour à travers le monde. Selon l’Organisation internationale du travail, toutes les 15 secondes, 151 travailleurs sont victimes d’un accident de travail, dont une grande partie est enregistrée dans des environnements industriels, là où généralement les règles de sécurité sont les plus strictes.
Des entreprises spécialisées ont développé depuis des décennies une variété d’équipements pour prévenir les accidents. Les casques, les gants et d’autres équipements sont devenus des prérequis de base pour accéder aux sites industriels… Ces mêmes équipements ont connu une évolution très linéaire sans changement majeur. Avec l’avènement des nouvelles technologies telles que les Objets connectés et l’Intelligence Artificielle, des nouveaux acteurs sont apparus sur le marché.
Nous avons eu l’opportunité de discuter avec Gerrit Reepmeyer, co-fondateur et COO de Guardhat, l’un de ces nouveaux acteurs, de son nouveau casque intelligent et de sa vision sur l’évolution des « Smart Wearables » dans le contexte industriel.

Wavestone : Tout d’abord, quelle est l’histoire derrière Guardhat ?

Gerrit Reepmeyer : contrairement à la plupart des start-ups technologiques, nous -cofondateurs- sommes issus de l’environnement industriel, nous avons tous travaillé dans l’industrie sidérurgique, qui est une des plus grandes et plus vielles industries aux États-Unis et dans le monde. Nous avons pu à travers nos positions antérieures, constater une grande différence entre les technologies qui ont envahi notre espace personnel, et celles offertes par les entreprises à leurs salariés pour assurer leurs sécurité. Le casque de sécurité par exemple n’a pas changé durant les 60 dernières années, seuls les matériaux et le design ont connu quelques améliorations graduelles.
En lançant Guardhat en 2014, nous avons commencé à travailler sur la conception d’un nouveau casque de sécurité, qui tire le meilleur de ces innovations technologiques pour mieux assurer sa fonction principale, la sécurité. En y ajoutant des capteurs, de l’audio et de la vidéo, et en explorant les possibilités offertes par le traitement de données, nous avons rapidement compris que nous étions en train de transformer radicalement le rôle du casque de sécurité.

Wavestone : Pouvez-vous nous expliquer plus en détails comment fonctionne Guardhat ?

Gerrit Reepmeyer : il y a trois éléments qui composent notre produit :

  • Le casque : est le casque que tout le monde dans un milieu industriel devrait porter, il est équipé de plusieurs capteurs (biométrie, environnementale…), et il peut communiquer à l’aide de plusieurs systèmes de connectivité (Wifi, Bluetooth…). Il permet une communication audio et vidéo et dispose également d’un système de positionnement.
    Le casque est conçu pour être modulaire, ce qui signifie qu’il peut être adapté pour les besoins et les spécificités du client.
  • L’infrastructure : elle dépend du site industriel et de l’utilisation du casque, par exemple, il pourrait s’agir des Beacons déployés sur le site industriel pour optimiser le système de positionnement.
  • Le logiciel : est notre produit principal, toutes les données générées par les casques sont remontées dans notre plate-forme, stockées puis analysées. Et plusieurs application pourront utiliser ces données pour assurer des services, qui sont essentiellement des solutions pour des cas d’usage spécifiques. Notre première application est évidemment la sécurité, mais il est tout à fait possible de rajouter d’autres comme la formation, l’accompagnement pendant les interventions… Notre système est interopérable, ce qui signifie qu’il peut s’interfacer avec d’autres systèmes IoT-based pour enrichir les services proposés.

Notre système de tarification repose, en plus du prix du casque, sur un droit annuel par utilisateur qui couvre l’utilisation du casque et de la plate-forme avec toutes les mises à jour logicielles. L’infrastructure pourrait être considérée comme un investissement initial.

Wavestone : Pouvez-vous nous décrire un cas d’usage qui illustre la valeur ajoutée de Guardhat pour un agent ?

Gerrit Reepmeyer : si vous prenez la sécurité par exemple, vous pouvez imaginer plusieurs cas d’usage. Un simple cas d’usage serait l’orientation en cas d’urgence : Imaginez par exemple que le niveau de monoxyde de carbone est supérieur à la normale ; le casque alerterait le travailleur et le centre de contrôle de sécurité. Puis une combinaison de plusieurs systèmes de positionnement avec la communication audio et vidéo guideraient le travailleur jusqu’à la sortie de sécurité la plus proche.

Étant donné que notre première application soit la sécurité, nous avons mis l’accent sur la valeur ajoutée apportée par Guardhat pour adresser cette problématique. Cela n’empêche pas d’imaginer d’autres cas d’usage qui rendraient Guardhat plus intéressant et plus rentable pour les entreprises industrielles.

Wavestone : Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés lors de la conception du produit ? et quels sont les défis pour l’acceptation de votre solution ?

Gerrit Reepmeyer : l’intégration de toutes les briques technologies en un seul produit a été notre principal défi. Chaque technologie est pratiquement mature sur le marché, mais tout mettre dans un petit casque nécessite beaucoup de travail de conception. En outre, Le casque est exposé à des environnements hostiles et doit répondre à des normes strictes comme les normes ATEX (ATmosphères EXplosibles).

Actuellement, nous sommes aux premières phases de développement de ce type de produits, et il est encore difficile de prédire quelles seraient les difficultés rencontrées pour que l’industrie adopte notre produit. Mais pour accélérer le processus d’adoption, nous avons volontairement commencé par adresser des cas d’usage réels, et nous avons anticipé les contraintes liées à l’environnement industriel dans la conception de nos produits (normes ATEX…). Par conséquent, et contrairement à certaines « Technology-based » startups, nous avons pu identifier et adresser les points de douleur des entreprises industrielles.

Certains pensent qu’il pourrait y avoir une réticence des agents, notamment dans les pays où la vie privée est un sujet sensible. Mais nous pensons que quand il s’agit de la sécurité, les agents comprennent parfaitement que le casque peut sauver leur vie. Et il faut noter que l’agent pourrait toujours désactiver le système de positionnement s’il a besoin de protéger sa vie privée.

Wavestone : pouvez-vous nous décrire votre marché ? et quel est votre plus grand différenciateur?

Gerrit Reepmeyer : il y a trois catégories d’acteurs qui se positionnent sur le marché :

  • Entreprises traditionnelles : comme 3M ou Honeywell qui essaient de fabriquer des nouveaux produits de sécurité intelligents. Ils ont certainement des grandes capacités d’investissement, mais ils manquent de vitesse d’exécution.
  • Start-ups : contrairement aux entreprises traditionnelles, pendant les 2 dernières années, nous avons vu beaucoup de start-ups se positionner sur ce marché. Comme évoqué précédemment, la plupart d’entre elles ont une composante technologique très forte, et elles manquent souvent d’expérience en milieu industriel.
  • Acteurs non conventionnels : comme les compagnies d’assurance qui trouvent un intérêt à combiner les offres d’assurance avec des solutions de sécurité connectée. Ou des entreprises de connectivité qui tentent de tirer profit de leur positionnement sur le marché de l’IoT pour développer des nouveaux produits/services.

Notre plus grand différenciateur est notre approche basée sur des cas d’usage concrets. Les entreprises industrielles savent que sauver une vie humaine n’a pas de prix. Ceci dit, l’aspect économique est évidemment pris en compte pour la prise de décision. L’avantage de Guardhat est qu’il peut être considéré comme un remplacement ou une mise à niveau des équipements de sécurité existants. Il ne s’agit pas finalement d’un nouveau centre de coût. En outre, les entreprises pourraient l’utiliser pour réduire les coûts d’assurance de 20 à 40 %. D’autres avantages ont plus difficiles à mesurer comme la productivité pourraient également aider les entreprises à faire leur choix.
L’intérêt pour notre produit est plus élevé dans les industries où le coût des équipements de sécurité est très élevé comme l’acier, l’oil & gaz et les industries de forage. Les industries à moindre coût de sécurité sont susceptibles de suivre plus tard.

Wavestone : Enfin, quelles sont les prochaines étapes pour Guardhat

Gerrit Reepmeyer : nous avons actuellement 6 pilotes dont un avec une grande entreprise industrielle française.  Ces expérimentations nous aideront à compléter la conception du produit final et à tester notre système de tarification. Nous avons donc deux objectifs principaux en 2017 : réussir les pilotes pour achever la conception de Guardhat et accomplir toutes les procédures pour les certifications (ATEX..) pour répondre aux normes en Europe, Amérique du nord, et en Australie.

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