Des engagements forts et une dynamique soutenue au Colloque UFE

C’est au musée du Quai Branly que s’est tenu le 14 décembre dernier le colloque de l’Union Française de l’Électricité (UFE). Tout un symbole, pour un espace qui rassemble les civilisations humaines et une industrie par laquelle viendront des solutions au changement climatique.   

 UFE

Wavestone est partenaire du colloque UFE 

28 ans pour décarboner notre société 

Faisant écho aux engagements récents pris à la COP26, le thème du colloque UFE 21 portait sur la décarbonation. Industriels, et décideurs politiques européen et français de l’énergie, ont saisi l’opportunité de partager leur vision de notre modèle énergétique pour les décennies à venir. Pour les intervenants, la décarbonation est un challenge mais également une opportunité de réinventer l’industrie.   

Au cours du colloque, le projet de la Commission Européenne Fitfor55 a été rappelé à de nombreuses reprises comme trajectoire climatique pour 2030 et 2050. (L’économie et la société européennes doivent concrétiser les ambitions climatiques de l’Union). Le projet européen a pour objectif de diminuer les émissions de gaz à effets de serre de 55% à l’horizon 2030 ; et d’atteindre la neutralité carbone en 2050.  

Catherine MaGregor, CEO d’ENGIE, et Pascal Canfin, député Européen 

La Commission Européenne, comme l’a rappelé Joaquim Nunes de Almeida –directeur à la Commission Européenne- , s’engage à investir massivement dans le développement des énergies renouvelables et des technologies qui serviront demain à décarboner l’ensemble de nos activités. L’ampleur de l’œuvre est sans-précèdent “depuis plus d’un demi-siècle”, et a été à de nombreuses reprises soulignée par les participants à la table ronde sur la compétitivité de l’industrie européenne (lien article table ronde à venir). Pour Catherine MacGregor, CEO d’ENGIE, “il s’agit plus d’une révolution que d’une évolution ».    

Comme l’a rappelé Xavier Piechaczyk, Président du Directoire de RTE, durant la table ronde sur les scénarios de décarbonations à horizon 2050 (lien article table ronde à venir), en plus du défi de la décarbonation, une augmentation de la consommation électrique de plus de 55 TWh est prévue en 2050 par rapport à 2020 (Futurs énergétiques 2050). Pour faire face à cette évolution de la demande, tout en faisant appel à une énergie décarbonée, le système énergétique européen devra impérativement évoluer, s’adapter et se transformer durablement.  

Un fort investissement public attendu pour la transition 

Pour les différents intervenants au colloque, la mue du modèle énergétique se fera à plusieurs niveaux. Tout d’abord, au niveau de l’investissement. Thierry Déau de Meridiam, un fonds spécialisé dans le financement d‘infrastructures publiques, a rappelé le rôle incitatif des politiques fiscales et leurs importances pour la protection des industries de l’énergie.   

La taxe carbone à l’entrée du Marché Européen permettra ainsi de favoriser les produits les plus décarbonées aux frontières a rappelé Barbara Pompili, ministre de la transistion écologique. Elle protégera de fait les industries européennes qui investissent dans leur décarbonation.  

Malgré ces avancées, la question d’une fiscalité énergétique intra-européenne a été reposée par Jean-François Carenco, directeur Président de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie). En effet, comme l’ont rappelé les intervenants, il faut faire plus vite et aller plus loin. Face aux industries décarbonées états-uniennes et chinoises, la compétitivité européenne sera ébranlée si les objectifs fixés par Fitfor55 ne sont pas atteints en 2030. 

La Commission Européenne pourra également intervenir directement auprès de secteurs désormais stratégiques comme la production de batteries (transports et stockage). Plus de 900 millions d’euros seront par exemple investis entre 2021 et 2027 dans le programme BATT4EU (Battery 4 Europe).   

Industrie européenne, concurrence internationale et climat

La Commission Européenne se dit parfaitement consciente qu’elle devra investir massivement sur les énergies renouvelables, de l’éolien marin à l’hydrogène en passant par les centrales solaires. La neutralité carbone pour 2050 est à ce prix (La hausse du prix du carbone et les perspectives pour le marché européen)?.  

Une transition nécessaire, titanesque et forcément sociale 

Les récentes polémiques sur l’éolien l’ont montré, notre futur énergétique doit se dessiner ensemble. C’est par cette idée que Thierry Pech, directeur de TerraNova a proposé un panel décisionnel composé de citoyens, pour deux tiers, et d’élus, du tier restant. On ne saurait atteindre cet objectif sans mobiliser les opinions publiques autour du projet d’énergie décarbonée. La transition sera sociale et sociétale ou ne le sera pas.

Enfin la neutralité carbone tant recherchée ne pourra se faire sans diversification des sources d’énergie. Si le recours aux centrales nucléaires ne fait pas l’unanimité au sein de l’UE, la France continue à mettre en avant l’importance de la souveraineté énergétique, et la stabilité des prix pour défendre cette source d’énergie décarbonée. Néanmoins cette industrie étant extrêmement sensible et capitalistique, elle ne pourra être que l’apanage des états ont rappelé Patrick Pouyanné, CEO de TotalEnergies et Francesco Starace CEO d’ENEL. En effet, Jean-Bernard Levy, CEO d’EDF, a mentionné la question fondamentale des investissements dans le nouveau nucléaire. Le 30 décembre 2021, la Commission Européenne a répondu favorablement à cette nécessité en intégrant le nucléaire -sous conditions- dans les investissements verts. 

La transition énergétique, comment la financer ?

Sera-t-il possible pour autant de se passer du gaz pour palier à l’intermittence des énergies renouvelables ?   

Une chose est certaine pour les énergéticiens, notre futur énergétique se conjuguera au pluriel. Les sources pilotables permettront une intégration plus rapide des énergies renouvelables. Et cette intégration sera permise grâce à la transition digitale a souligné Marianne Laigneau, présidente d’ENEDIS. Les compteurs intelligents (Linky) permettent dès aujourd’hui un pilotage et une amélioration de la flexibilité. Cependant la marche en avant ne s’arrête pas là car “250 à 300 milliards d’euros devront être investis dans la modernisation des réseaux de distribution” dans les années à venir prévoit Marianne Laigneau 

Pour finir, il faut noter que tous les avis convergent sur l’envergure des transformations à venir. Comme l’a souligné Barbara Pompili, Ministre de la transition écologique en clôture du colloque : « La dynamique à engager est colossale et plus rapide que prévue ».  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back to top